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Trilogie de Bartiméus

Tome 1 - Tome 2

L'amulette de Samarcandel Titre : L'amulette de Samarcandel

Auteur : Jonathan Stroud (voir sa biographie)

Genre : Fantastique

Résumé du premier tome :

Jeune apprenti d'un magicien, Nathaniel invoque secrètement Bartiméus, un djinn irascible vieux de plus de 5000 ans, pour accomplir sa volonté. La tâche n'est pas des plus faciles, puisque le démon doit dérober la puissante Amulette de Samarcande des mains mêmes de Simon Lovelace, maître magicien impitoyable à l'ambition démesurée. En moins de temps qu'il n'en faut pour le dire, Bartiméus et Nathaniel se retrouvent enfoncés jusqu'au cou dans une tourmente d'intrigues magiques, de rebellions et de meurtres.

Critique personnelle du tome 1 :

Jonathan Stroud s'est réellement imposé dans le monde du fantastique avec l'amulette de Samarcande, le premier tome de la trilogie de Bartiméus. On aurait dès lors pu craindre une nouvelle épopée a but purement marchant, mais pour une fois, la surprise fut de taille ; loin des archétypes, c'est un tout autre monde qui s'offre à nous. Autant l'avouer, je pars toujours avec une certaine appréhension dans les lectures jeunesses, où le manichéisme, les scénarios convenus s'apparient souvent aux « normes », pourtant il existe quelques perles, tels les Royaumes du Nord ou Artémis Fowl, or, maintenant, je pourrai y ajouter cette trilogie florissante d'imagination.

En premier lieu, c'est le cadre de l'histoire qui confond le lecteur. Ainsi, on s'immisce au sein d'une géopolitique soignée, dont nous retiendrons la guerre contre Prague et l'hégémonie de l'Angleterre, où différentes forces s'affrontent. A l'échelle locale, on apprécie un Londres dominé par la démocratie dictatoriale des magiciens, un choix ma foi fort original de l'auteur.
L'originalité prédomine d'ailleurs dans ce livre, par le biais de multiples nuances, innovations, qui n'ont de cesse de nourrir l'imaginaire. La cosmogonie, en premier lieu, apporte son lot de surprises : on découvre, un peu déboussolé au début, les sept niveaux accessibles, la hiérarchisation des démons, les lois très rigides encadrant les invocations, les rapports maître/serviteur s'établissant entre les êtres ; autant d'approfondissements agréables à découvrir. Ensuite, nous envisageons le caractère du jeune Nathaniel, magicien précoce sur tous les plans mais soumis toutefois aux tentations de l'adolescence : humilié par son tuteur, si on peu nommer cet homme ainsi tant il semble négliger le garçon, Nathaniel progresse seul, animé par des désirs de vengeance et peut-être d'accomplissement personnel pour briller aux yeux du gouvernement. Esseulé dans ce monde brutal, déchiré par les exactions commis par la Résistance, il érige lui-même les remparts de sa force avant de prier l'aide du second héros du récit : le djinn Bartiméus.

Ah, il est des personnages qui restent dans les annales, des emblèmes, réellement, de la littérature. Par un certain aspect, Bartiméus semble s'en rapprocher, non par son intelligence, son courage ou ses talents de diplomate, mais par son côté profondément malsain. Bartiméus est, soyons franc, fourbe, calculateur, railleur, cynique sur les bords, véritablement insupportable pour ses adversaires, en fait. Malgré tout, ses répliques demeurent rafraîchissantes, son attitude récréative et son air goguenard, allié à un humour du plus bel aloi, vraiment agréable. De plus, l'anti-manichéisme des deux héros nous arrache enfin à la spirale gentil-valeureux contre méchants-très-machants. Les protagonistes nagent toujours entre deux eaux, subtilité narrative ouvrant la porte à bien des fins.

L'ensemble est desservi par un style très direct de l'auteur, qui joue notamment avec l'alternance de ces deux personnages pour galvaniser le récit. Le rythme nous entraîne donc dans une lecture intéressante, malgré un manque de rondeurs parfois dérangeant. Bien sûr, le public visé par l'auteur explique cette pauvreté, mais un soin plus marqué aurait conféré à l'ouvrage un poids non négligeable. Alors certes, le scénario en lui-même n'est pas un parangon de créativité mais cela demeure agréable à lire, bref, une trilogie qui en surpasse bien d'autres en ce temps d'explosion fantastique...

Enjoy !

Note finale : 7/10

Sahagiel

 

 

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Artémis Fowl Titre : L'Oeil du Golem

Résumé du second tome :

"Je pensais bien que tôt ou tard je me ferais à nouveau invoquer par un crétin à chapeau pointu, mais le même imbécile que la dernière fois, ça, j'étais loin de m'en douter !" Londres, ville des magiciens et des sorciers, au XXIe siècle. Le jeune Nathaniel connaît une ascension fulgurante au sein du gouvernement des magiciens. Sa mission la plus urgente consiste à mettre un terme aux activités de la mystérieuse Résistance, menée par Kitty et ses amis qui ne cessent de lui échapper. Alors que la pression monte, Londres se voit soudain menacée par une série d'attentats terrifiants. Est-ce la Résistance ou un danger encore plus grand ? Chargé de cette enquête périlleuse, Nathaniel est contraint de s'envoler pour Prague et d'invoquer une nouvelle fois l'énigmatique et malicieux djinn Bartiméus.

Critique personnelle du tome 2 :

Ainsi, nous repartons aux côtés de Nathaniel, notre anti-héros devenu un magicien réputé, et l'irremplaçable Bartiméus, le djinn à la fourberie immarcescible.
Cette fois, l'auteur dédie son roman aux phases explicatives et aux atermoiements parfois pesants, voués à mettre en place la chute finale. Vous l'aurez donc compris, ce tome sert avant tout à introduire les rouages de l'intrigue et les évolutions des personnages. Pour bien faire, je présenterai ces deux axes un à un, en commençant par la psychologie soignée, sans stéréotypes, des personnages.

Nathaniel tout d'abord a très largement changé depuis son introduction au sein du gouvernement. Fini le jeune héros curieux, malhabile et ingénieux, le pouvoir semble avoir refermé ses mains de glaces sur lui. Ainsi, Nathaniel se perd lui-même, devient orgueilleux, hautain, trop sûr de lui et colérique. Plus qu'auparavant, il considère la plèbe comme un large échiquier dont il pourra disposer à sa guise, manipulant et jouant pour renverser les pions de ses adversaires. Car Jonathan Stroud nous dévoile aussi certaines exactions, certaines pratiques du gouvernement, or plus la fin approche, plus l'on note la perversion de ces êtres qui sont prêts à rompre des liens pour préserver leur place... Et Nathaniel ne fait pas exception, même si à nouveau il devra se confier au célèbre djinn.
Bartiméus, lui, ne change pas d'un ongle...pour notre plus grand bonheur ! Ses apparitions, certes plus discrètes, incarnent à elles seules tout l'intérêt du tome tant ces apartés, son cynisme et sa mauvaise volonté inhérente sont une source de rire pour le lecteur. Bartiméus, comme à son habitude, emploie donc son insolence narquoise pour résoudre (ou pas !) les problèmes de Nathaniel, n'hésitant pas d'ailleurs à dissoudre son arrogance au cours de quelques discussions.
Mais le personnage le plus intéressant, le caractère le plus piquant du roman, demeure Kitty, cette jeune rebelle dont nous connaissions tout juste l'identité au volume un. Cette fois, Jonathan Stroud la met en avant et lui confère un poids non négligeable en jouant encore avec les avantages de la narration multiple. Certes, on pourrait reprocher à l'auteur de trop insister sur le destin malheureux de la jeune fille, peut-être au détriment de l'action, mais chacune de ces phases nous révèle une part de l'énigme, aussi le lecteur prend son mal en patience et découvre un peu plus cet univers malversé. Son charisme et sa détermination lui vaudront toutes les louanges du tome, de sorte qu'elle guiderait presque le pas de Nathaniel, réduit à l'ombre de lui-même. Alors on frémit d'impatience à l'idée d'une rencontre entre les deux personnages, priant par la même occasion pour que Bartiméus modère la suffisance du magicien !

Malheureusement, on peut regretter dans ce volume un "manque", car il semble délesté de véritable but. L'auteur souhaitait vraisemblablement faire avancer son intrigue, passage obligé pour toutes les trilogies, cependant il aurait été plus ingénieux d'agencer autrement ces évolutions. En effet, les enjeux de ce tome sont moins rôdés que ceux du précédent, même s'ils s'inscrivent parfaitement dans l'entière trilogie, et les longueurs nuisent parfois au suivi de l'ensemble. Le suspense et l'action cèdent ainsi le pas aux interludes explicatifs, certes disséminés aux cours de ces 664 pages mais qui n'en demeurent pas moins lassants.

Mais à vrai dire, le mascaret de personnages, l'intelligence de l'auteur pour entrecroiser les intrigues, le scénario de plus en plus complexe, le contexte géopolitique qui expose tout son panache, la véritable présence d'enjeux politiques, la multiplicité des innovations, la fraîcheur de certains chapitres, et le style agréable de la plume, justifient amplement l'achat de ce tome !

Note finale : 7.5/10

Sahagiel