Retour vers la page des critiques

 

Le Sablier de Mû

 

Le Temps de l'Accomplissement Titre du cycle : Le Sablier de Mû

Titre du premier tome : Le Temps de l'Accomplissement

Auteur : M.H. Essling (voir sa biographie)

Genre : Fantasy

Résumé du premier tome :

Lorsque les certitudes humaines rejoignent la lassitude d’un Immortel, c’est l’équilibre de toute une terre qui est menacé : le Sablier de Mû a été retourné et l’Umvah est de retour, séparé de son âme.

Au cœur de ce bouleversement, un être à nul autre semblable, à nul autre comparable : Daros.

Il devra comprendre et assumer sa dualité d’humanité et de ténèbres. Mais les choix possibles pour cet homme qui commande au vent, cet Immortel fragile et privé de mémoire se réduisent alors même que se tissent sur Mû des alliances et des intérêts divergents.

Les dés sont jetés, la guerre est déclarée, les dragons éthérés attendent. Le destin de Mû va se jouer, sous l’œil inflexible de la Nuit…

Critique personnelle du tome :

Premier roman de M.H. Essling, Le temps de l’Accomplissement était aussi une première publication pour les éditions Mille Saisons. De quoi émoustiller notre curiosité !

On notera avant tout un scénario en demi-teinte, où l’auteur se place dans une tradition classique, avec un premier tome présentant personnages, enjeux et relations. De ce point de vue, assurément le travail fut soigné : on pénètre dans un monde où plusieurs alliances et intérêts se recoupent puis s’opposent, s’appuyant tour à tour sur leur histoire ou des alliés insoupçonnés. L’auteur présente une fresque aux nombreuses richesses, ainsi la politique comme le culturel se voient-ils détaillés, sans que cette profusion desserve la compréhension. Car le monde de Mû pioche dans diverses inspirations pour se renforcer : on retrouve un panthéon pour le moins surprenant (entités engluées dans leur apathie, ou êtres dont la quête du libre arbitre animera l’échiquier du pouvoir) mais aussi influences orientales, nordiques… de quoi alimenter bien des mythologies !

Le style, quant à lui, pourra plaire comme déplaire tant les tournures étonnent ; pour ma part, j’ai apprécié cette syntaxe, parfois au détriment de la fluidité, nous en convenons. Quelques maladresses émaillent toutefois l’ensemble, notamment une répétition des expressions employées (telles « main racée » ou « à nul autre semblable, à nul autre comparable », qui font office de leitmotivs pour décrire nos amis). De fait, la nuance s’impose pour qualifier ce style qui, par sa variété, vous charmera, mais dont on ne saurait oublier les quelques défauts. Gageons que l’auteur rectifiera cette tendance dès le tome suivant !

Le point fort du récit serait, selon moi, la dualité appliquée aux personnages. Partant d’un schéma pourtant classique, l’adolescent pourvu de capacités formidables, l’auteur peint une fresque toute en subtilités, où les protagonistes se tourneront en traîtres, voire tyrans. La palette des avatars se montre fournie, passant de la belle énamourée au seigneur aveuglé par la concupiscence, sans oublier le guerrier entêté et fidèle. Ajoutez à cela un triangle amoureux qui ne reprend pas les canevas dramatiques mais insiste plutôt sur la recherche d’identité et d’accomplissement des personnages, et vous obtiendrez plusieurs réussites ! Mention spéciale au duo d’Ethan et Theodor qui confère une fraîcheur indéniable à leurs interventions.
Dommage que l’auteur n’étende pas cette complexité aux protagonistes secondaires qui, pour le coup, souffriront d’un traitement manichéen. Félicitons toutefois son effort, tant sur l’orientation des héros que leurs destins, souvent sombres et non démunis de revirements.

Dans le registre des déceptions, je relèverai en particulier la rapidité des situations décrites. Nous sommes face à une mosaïque de scènes, mettant en relief personnages ou idées, qui s’emboîtent parfois aux toutes dernières lignes, et pourraient alors dérouter. Avec un tel éclatement, nous ne découvrons que peu ces protagonistes, néanmoins intéressants, et éprouvons quelques difficultés à suivre leurs pérégrinations. Daros, en premier lieu, paraîtra souvent glacial et peu humain, la faute sans doute à son manque d’envergure.

Au final, ce roman annonce un cycle agréable malgré ses clichés, pourvu de multiples qualités et dont les maladresses, nous n’en doutons pas, disparaîtront dans les suites !

 

 

Note finale -jeune lecteur- : 7/10

Sahagiel