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La Quête d'Ewilan

 

La quête d'Ewilan - les trois tomes Titre : D'un Monde à l'autre

Auteur : Pierre Bottero (voir sa biographie)

Genre : Fantastique

Résumé du premier tome :

"Quand Camille vit le poids lourd qui fonçait droit sur elle, elle se figea au milieu de la chaussée. Son irrépressible curiosité l’empêcha de fermer les yeux et elle n’eut pas le temps de crier…
Non, elle se retrouva couchée à plat ventre dans une forêt inconnue plantée d’arbres immenses.
- Te voici donc, Ewilan. Nous t’avons longtemps cherchée, mes frères et moi, afin d’achever ce qui avait été commencé, mais tu étais introuvable…"

Titre des romans composants le cycle:

1- D'un Monde à l'autre
2- Les Frontières de glace
3- L'Île du Destin

Critique personnelle du cycle :

Avant toute chose, je tiens à dire qu'il est très agréable de tenir entre ses mains le roman d'un auteur français, à une époque où la littérature américaine et surtout britannique semble prédominer. Cette parenthèse refermée, voici une critique valable pour l'ensemble de la trilogie, étant donné qu'il serait fastidieux de répéter par trois fois mes propos.

Donc, ceci posé, nous commençons la lecture en compagnie de Camille, autrement nommée Ewilan, l'héroïne du roman. On peut dés lors envisager son caractère et nous comprenons d'emblée l'intelligence de la jeune fille. Ainsi, pour la énième fois depuis l'envolée du fantastique, nous nous retrouvons avec une enfant surdouée, dotée d'un destin incroyable et ne connaissant rien de sa origines mystérieuses. Mais cela, nous ne le savons pas encore, bien entendu.
En quelques lignes, on repère ainsi une kyrielle d'archétypes, laissant présager une lecture fastidieuse, revue, pour la suite. Le passage dans un autre monde, la formation d'une communauté, les héros tous plus stéréotypés les uns que les autres, le meilleur ami prêt à tout mais un chouya maladroit en amour, autant de thèmes repris dans le livre...
Ceci dit, intéressons nous d'abord aux personnages, avant d'entrer plus en profondeur dans la cosmogonie du roman. La seule innovation, si on considère l'œuvre d'un œil objectif, demeure le sexe du personnage principal : une adolescente, là où les hommes incarnent les fers de lance de la fantasy. Malgré tout, on ne pourrait suivre ses pérégrinations sans un froncement de sourcil déçu tant ses comparses sont classiques. C'est donc sans grande surprise que nous rencontrons tour à tour un preux chevalier surestimant ses capacités, un vieux sage malicieux, un guerrier sans peurs, une sibylline créature aux dons notables, une méchantes très méchante, le tout saupoudré de magie, d'amour et débordant de bons sentiments. Le point fort restera, pour ma part, les relations soignées des protagonistes ; on sent que l'auteur aime ses personnages et tisse entre eux des liens durables, comme l'amitié développée entre Bjorn et Salim.
Le monde, quant à lui, semble inverser un peu la tendance avec une certaine recherche dans les innovations. Bien sûr, nos héros devront surtout le parcourir du point A au point B en passant par le point C (le tout dans l'ordre, rassurez-vous) cependant quelques bonnes idées, comme la ville d'Al-Poll, ou l'Arche, rehaussent le niveau. Malheureusement, on ne pourra que regretter le recours aux tours de passe-passe et le manque d'originalité, notamment dans la toponymie des lieux, composés de plusieurs mots, z'iouplez, tels « le désert des murmures » ou « la passe de a Goule »... on ne serait pas étonné de découvrir au tournant d'une page la Forêt Interdite !
Comme tout roman de fantasy qui se respecte, le roman est pourvu de plusieurs races aux aspirations bien tranchées, manichéistes, exception faite pour le peuple des Faëls dont nous retiendrons les particularités verbales.
Cela dit, le point fort du roman reste la cosmogonie. Car ici, pas de magie, d'incantations ou de potions aux milles couleurs, non, l'auteur innove avec l'art du dessin. En effet, c'est à travers les spires que certains protagonistes acquièrent la capacité d'influer sur le réel en dessinant dans leur esprit. Une bonne idée qui ouvre la porte à de multiples nuances (comme celle, encore différente, des Rêveurs), capacités, possibilités assez bien utilisées au cours des livres. La manière dont les personnages développent ce don n'est pas réellement abordée dans le livre, et on pourra donc déplorer ce manque, cependant on se laisse assez vite convaincre par le principe, même si beaucoup d'incohérences peuvent y naître.

Le manque de crédibilité, voilà un point faible du roman. Malgré la fraîcheur du récit, on ne peut pas vraiment y croire, le scénario en lui-même étant relativement bateau, dans la lignée des jeune héros aux origines inconnues, transporté dans un monde parallèle où il devient l'élu, seul capable de sauver le monde. Alors certes, on notera quelques nuances, comme la transformation de Salim, ou l'importance de la famille de Camille, mais le positivisme de l'auteur gâche l'originalité de certains passages. Dès les premières lignes, on sait que l'histoire se terminera bien...

Ensuite, le style de l'auteur n'est pas mauvais, plutôt agréable il demeure toutefois assez simpliste et ne pourrait faire face aux grands noms du genre. L'ensemble est desservi par un vocabulaire simple, commun –sans aucun doute pour faciliter l'immersion des plus jeunes- or un touche de lyrisme n'aurait pas été de refus. L'écriture est toutefois fluide, et les livres se lisent très rapidement, un bon point s'il en est.
En résumé, La Quête d'Ewilan ne bouleverse pas le genre de la low fantasy, cependant l'imaginaire de l'auteur est fertile, et on peut espérer une suite encore plus travaillée.

Enjoy !

Note finale : 6/10

Sahagiel