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Le Magicien Noir

 

La Guilde des MagiciensTitre : La Guilde des Magiciens

Auteur : Trudy Canevan (voir sa biographie)

Genre : Fantasy

Résumé du tome :

Comme chaque année, les magiciens d'Imardin se réunissent pour nettoyer la ville des indésirables. Protégés par un bouclier magique, ils avancent sans crainte au milieu des vagabonds, des orphelins et autres malandrins qui les haïssent. Soudain, une jeune fille ivre de colère leur jette une pierre… qui traverse sans effort le bouclier magique dans un éclair bleu et assomme l'un des mages.
Ce que la Guilde des magiciens redoutait depuis si longtemps est arrivé : une magicienne inexpérimentée est en liberté dans les rues !
Il faut la retrouver avant que son pouvoir incontrôlé ne la détruise elle-même, et toute la ville avec.
La traque commence…

Critique personnelle du tome:

Auteure australienne, Trudi Canavan signe un roman à succès, déjà vendu à plusieurs milliers d'exemplaires outre-manche. Face à une telle réussite, la curiosité dominait mes sentiments ; tenai-je entre mes mains un best-seller international ? Qui saurait galvaniser la branche jeunesse de la Fantasy ?

Dans un premier temps, le cadre du roman s'annonce original, car ne mettant pas en scène une énième quête initiatique, des enjeux dont dépend l'univers ou un artefact capable d'anihiler toute forme de vie. Du moins pour le moment. Trudi Canevan lève le rideau sur une ville scindée en deux, où se côtoient les habitants aisés et les indigents, reclus dans la partie basse d'Imardin. Un schéma traditionnel mais assez intriguant, grâce à l'habilité de l'auteur pour nous dévoiler les aboutissants de son monde. Car nous pénétrons dans une sphère à l'ambiance capiteuse, veloutée : les Taudis marquent un aspect séduisant de la ville, et nous en apprécions peu à peu les lois. Dans cet univers à part entière, certaines influences prévalent sur l'ordre royal, or les bonnimenteurs instaurent un climat tendu. Sans être inquiétant, on comprend les dilemnes des maladrins : forcés à s'insurger ou à se soumettre, ils s'achoppent à de multiples difficultés. Vol, délation, meurtres et organisations secrètes incarnent ainsi la fibule de cette société, fibule dont s'attifent parfois malgré eux les habitants.

La galerie des personnages dénote l'inventivité de l'auteur qui, sans verser dans la pure originalité, parvient à ancrer des protagonistes intéressants, rarement façonnés sur des archétypes et attachants. La psychologie demeure tout juste affleurer mais, en dépit de réactions parfois incohérentes, ils dégagent un magnétisme naturel ; s'écartant des sentiers battus, ils appréhendent les événements d'une manière agréable, passant en revu un grand nombre de sentiments humains, tels l'angoisse, la convoitise, la haine, et même une dose d'héroïsme. Sonéa, par exemple, ne répond pas à la triptique des héros habituels –soit courage, force et beauté- elle n'a en effet guère le loisir de soigner son apparence, et ne developpe pas une pugnacité chevronnée ; au contraire, elle se taire, doute, se révèle à plusieurs reprises craintive. D'autres nuances, plus minimes, enterrinent ce renouvellement : Fergun, le méchant désigné dés les premiers chapitres, poursuit des desseins généraux, tout en évitant un côté hâbleur trop revu en Fantasy. Tout cela amène le lecteur à les apprécier, car les principaux éceuils sont contournés.

Dans un second temps, la cosmogonie s'ourdie sans anicroches ni tombereaux d'explications. La plupart des éclaircissement se font par oral et facilitent l'approche du lecteur. Bien entendu, l'aspect magique du livre ne s'exhorte pas de défauts : le principe de guilde, additionné à une université, ne sera pas sans nous rappeller un certain magicien ; mais en réalité, Trudi Canevan ne s'enfferre par sur la facilité. Elle génère quelques bonnes idées, eu égard d'un cruel manque de détails, et maintient un rythme soutenu tout au long du livre, malgré des passages longuets. L'intrigue quant à elle éclatée permet de suivre les protagonistes et d'entrevoir les différentes pièces du puzzle : on s'ennuie rarement au cours de ces 350 pages.

Sur le plan stylistique, l'auteur n'use pas de procédés rhétoriques ou d'un vocabulaire édulcoré pour dépeindre son monde ; le langage côtoie selon les personnages le familier, s'annonce assez courant et ne recèle pas vraiment de rondeurs. Néanmoins, son style direct –quoiqu'un peu télégraphique- permet aux lecteurs d'accrocher rapidement au scénario, et on ne s'embarrasse pas d'ambages pour le découvrir ! La rapidité des discours, qui ne dépassent que rarement le monoligne, améliorent l'identification des plus jeunes mais lasseront peut-être un lecteur expérimenté…

En résumé, nous voici en présence d'une lecture agréable, qui ne révolutionne ni ne bouleverse la Fantasy mais y apporte sa contribution. Sans être riche, ce livre qui se destine surtout aux adolescents plaira aussi aux adultes, s'ils souhaitent se détendre entre deux activités. Premier roman d'une trilogie, la Guilde des Magiciens peut encore réserver bien des surprises !

 

Note finale : 6,5/10

Sahagiel