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Chronique des Elfes

 

LlianeAuteur : Jean-Louis Fetjaine (voir sa biographie)

Titre : Lliane

Genre : Fantasy

Résumé du tome 1 :

La forêt d’Eliande résonne d’une plainte lugubre. Les arbres, les animaux et la terre elle-même ont peur. Depuis que les hommes ont pénétré la forêt des elfes pour y construire leurs églises et y installer leurs villages, des meutes de loups noirs assoiffés de sang et menés par des kobolds sèment la terreur. La guerre est inévitable. Arianwen, la reine des elfes, réunit l’ensemble de ses sujets pour essayer de vaincre l’armée des Terres noires qui obéit aux Gobelins, les guerriers d’élite de Celui-qui-ne-peut-être-nommé…
Mais une autre tragédie guette le roi et la reine des elfes. Leur fille, la princesse Lliane, est envoûtée par le jeune humain que les elfes ont sauvé, et les runes ont prédit que le destin de cet étrange adolescent et celui de Lliane seraient liés, inexorablement…
Lliane est le premier opus d’une nouvelle série qui revient sur les origines de la célèbre Trilogie des Elfes avec toujours cette même poésie teintée de mystère, de magie et de violence.

Une plume efficace et apte à ressusciter la magie et la fureur des temps anciens. Jacques Baudou, Le Monde

Critique personnelle du tome 1 :

Avec Lliane, nous retournons à Loth, à la forêt d’Eliande, aux mythes et légendes arthuriens. Quelques années auparavant, nous découvrions ce monde poétique, fouillé, fourmillant de personnages aux personnalités complexes. Revenir après l’apothéose, quand la trilogie des Elfes se terminait sur une note si mélancolique, rendait tantôt perplexe, tantôt impatient. Pour ma part, je me classais dans le second groupe et entamais le roman avec enthousiasme. Pour quel résultat ?

Nous obtenons une introduction in medias res : l’auteur présente les enjeux, les personnages, l’environnement. Cet aspect pourrait rebuter les lecteurs qui attendent une immédiate émulation. L’auteur choisit en effet les atermoiements, quitte à s’appesantir sur tous ses personnages, et termine un livre certes intéressant mais laissant quelque peu sur sa fin. Là où on nous promettait un retour aux sources, avec une Lliane adolescente, maladroite selon les chapitres, plus touchante sans doute, nous trouvons une Elfe déplacée au second plan : cette initiative partagera le lectorat entre ceux considérant cet éclatement malvenu, et les autres, qui apprécieront les multiples avatars. Dans ce livre où les destinées s’intriquent et se mêlent, chaque protagoniste aura le droit à son développement, un soin augurant de grandes rencontres par la suite !

Mais les lecteurs ayant déjà lu la trilogie principale y discerneront un côté revu : au fond, nous apprécions certes de nouvelles variables mais les fondements, eux, demeurent les mêmes. Par ailleurs, nous connaissons déjà les tenants et les aboutissants, ce qui nuance le suspense pourtant primordial. Pour les autres lecteurs, Lliane évoque une invitation au voyage, un confinement au rêve nous présentant ses mœurs, ses coutumes et ses malversations originales.

Apprécier les Elfes, quand leur physionomie se distingue, souligne cette attirance : nous ne nous heurtons pas à une définition commune, où ces créatures s’épanouiraient dans les forêts, à déclamer leurs poèmes et chanter une époque révolue, non, les Elfes paraissent tour à tour étranges, antipathiques, froids et intriguants. Bien sûr certains détails façonnent les archétypes : ils vivent en harmonie avec la nature, établissant leurs demeures dans les arbres ou apprenant les langues animales, mais il s’en dégage une telle ambiance que nous oublions ces raccourcis. On emprunte peut-être les larges allées, mais on modifie le parcours.
Par ailleurs, les autres peuples confortent cette impression car à travers les barbares, les hommes ou les moines, nous touchons aux enjeux politiques et aux diverses façons d’appréhender l’existence. Ces modes de vie se fondent et se confondent, se scindent et s’opposent selon les chapitres, et nous envisageons déjà les batailles à venir, tant idéologiques que physiques.

A ce titre, le livre se place sous le signe de l’action. Les confrontations brutales et les morts violentes gorgeront les pages or, comme l’auteur nous y avait habitués, si son style paraît lyrique dans les descriptions il sait aussi se montrer cru ; avis aux âmes sensibles, la mort moissonne chez les personnages, y compris les principaux !

Quelques mots enfin sur le style. L’auteur avait conquis son lectorat avec une plume tantôt froide ou intimiste, ses descriptions prenantes où nous apprécions folklore et son univers savamment dépeint. Dans ce préquelle, Jean-Louis Fetjaine ne semble pas perdre la main : la plume se fait certes moins percutante que dans ses précédents romans, mais elle annonce une trilogie soignée, comme nous aimerions en lire plus souvent.

Au final, un premier roman qui place surtout les éléments clés, avec assez de suspense pour attirer les lecteurs, des personnages toujours aussi fascinants mais un recours aux raccourcis un tantinet poussif. Mais nous faisons confiance à l’auteur pour surprendre à nouveau !

Note finale : 7,5/10

Sahagiel