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Le Chevalier Errant, suivi de L'Epée Lige

 

Le Chevalier ErrantAuteur : G.R.R Martin (voir sa biographie)

Genre : Fantasy

Résumé du tome :

Qu'il joute ou qu'il guerroie, le chevalier errant n'a d'autres attaches que celles de son cœur, d'autre code que celui de l'honneur.
Il loue ses services aux causes les plus nobles et prend la défense des opprimés. Une ligne de conduite qu'a toujours suivie Ser Arlan de Pennytree, et qu'il s'est efforcé d'inculquer à son écuyer, Dunk. Mais la rencontre de ce dernier avec un garçon étrange, qui se fait appeler l'Œuf, changera à jamais son destin. Un an plus tard, Dunk et l'Œuf, désormais son écuyer, s'engagent au service de Ser Eustace Osgris, un petit seigneur acculé à la défaite par la Veuve Rouge.
Leur mission, déjà ardue, va se compliquer du fait des relations qu'entretiennent les deux forces en présence !

 

Critique personnelle du tome :

Le Chevalier Errant, puis l'Epée Lige furent écrits pour l'anthologie Légendes, réunis ensuite par Pygmalion, et étayent les évènements précédant le Trône de Fer. Au demeurant, nous entamons cette lecture avec un intérêt certain, quand G.R.R Martin nous invite toujours au voyage, à la découverte, à l’étonnement aussi.

Ce livre respecte en tout point le récit introductif : il présente les personnages et les diverses tensions avec soin, notamment le couple Dunk/l’Oeuf, principaux protagonistes, puis développe quelques intrigues secondaires pour ferrer le lectorat. Dans les faits, le scénario ne se distingue pas par sa ramification ni ses chutes incisives. L’ensemble se déroule de manière assez linéaire, sans rebondissement suscitant l’intérêt, mais il n’en demeure pas moins une ambiance et une atmosphère agréable. On pourrait expliquer ces écueils -le roman concentrant deux nouvelles- toutefois on espérait un traitement un tantinet plus complexe.

Car dans ce monde, les sentiments s’expriment par le fil de l’épée, traversant les terres fangeuses, les babillages et autres fantasmagories moyenâgeuses. G.R.R Martin s’attache à décrire aussi bien la politique que les rapports s’exerçant entre les partis, tout comme leurs destinées. Pour les non initiés au Trône de Fer, cette mise en bouche risque de déstabiliser : plonger jusqu’au cou dans les querelles politiques, où les multiples maisons manigancent, se rebellent ou meurent, on éprouvera quelques difficultés à s’y retrouver. Les explications ne sont pas légions, or cette abondance de noms n’aide guère la compréhension.

Ces embûches passées, car le roman ne présente pas un maquis inextricable non plus, et vous saurez surmonter ces barrières en poursuivant la lecture, nous apprécions les deux héros : d’un côté Dunk, chevalier errant, dont les maladresses et la franchise frappent aussitôt, de l’autre l’Oeuf, écuyer à l’ascendance pour le moins remarquable. Cet étrange duo parcoure le Westeros pour proposer leurs épées, cherchant dans les combats l’honneur, la justice et une rémunération solide. Sur ce principe, l’auteur propose un couple en rien manichéen, touchant à bien des égards et qui instaure une relation, sinon complice, intrigante. Et à leurs côtés orbitent des personnalités souvent piquantes (je retiendrai en particulier la Veuve Rouge) !

Quelques lignes suffisent pour suggérer l’antipathie ou l’attachement, développer le passé puis instaurer un contexte. Ce grand talent, qui fait toute la force de l’auteur, ajoute à la cohérence historique du roman, à sa richesse, à ses multiples variables… Légendes, récits colportés, rumeurs, épreuves physiques ou dialogues, ce monde s’étaye et se délaie à chaque page ! Or quand le style se met à son service, excellente pour ses envolées lyriques, ses pointes sordides, sa classe et sa précision, on adhère sans concessions.

Au final, deux courtes nouvelles permettant de développer cet univers, où chaque lecteur trouvera son compte. Une mise en bouche qui provoquera sans doute une crise boulimique !

 

Note finale : 7,5/10

Sahagiel