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Artémis Fowl

Tome 1 - Tome 2 - Tome 5

Artémis Fowl Titre : Artémis Fowl

Auteur : Eoin Colfer (voir sa biographie)

Genre : Fantastique

Résumé du premier tome :

Artemis Fowl est un jeune génie de 12 ans. Issu d'une célèbre dynastie de voleurs irlandais à la fortune déclinante, il conçoit le plan le plus ambitieux jamais imaginé par un humain. Son but : s'emparer de l'or des fées ! Aidé par son fidèle serviteur Butler, Artemis parvient à prendre en otage l'intrépide Holly Short, membre de Fées Aériennes de Détection. Commence alors une guerre sans merci.

Critique personnelle du tome 1 :

Assez vulgairement, on peut dire que la littérature jeunesse est en ce moment dominée par une grande tendance : la Potter mania. Ainsi, le serpent se mordait la queue et ces derniers temps rares étaient les livres apportant une pincée de renouveau. On pouvait dès lors craindre une altération du genre cependant, une bonne surprise nous attendait à la lecture de ce premier tome.

Les lecteurs souhaitaient la recrudescence du genre, recherchaient peut-être un substitut d'Harry Potter, or Artémis Fowl comble toutes leurs attentes, voire même plus. En effet, loin de s'inspirer de ses prédécesseurs, Eoin Colfer nous invite dans son monde personnel et intriguant. Le cadre moderne de l'histoire surprend dés les premières pages : on retrouve avec plaisir nos repères spatiaux tel le Disney land resort Paris, l'évocation de plusieurs capitales ou sites culturels connus à travers le monde, autant de choses qui permettent une immersion rapide dans le livre. Cet aspect du roman est, pour ainsi dire, la face émergée de l'iceberg, car dans les profondeurs de la terre, un peuple bien moins conventionnel surveille nos moindres « fées » et gestes : le Peuple des Fées. Contraint pour préserver sa survie à s'installer sous terre, cette population conserve une large avance technologique sur le Peuple de la Boue, comprenez les humains. Cette opposition surprenante, mettant pour une fois nos comparses en position de dominés, s'étaye au fil de l'œuvre et c'est avec beaucoup de plaisirs qu'on cueille les informations sur l'organisation politique des créatures.

A cet instant, l'imagination d'Eoin Colfer se tourne en un fantastique don créateur. En quelques pages, il innove, invente, transforme, modèle l'image que nous nous faisons des Elfes, par exemple. Ainsi, ces derniers ne gardent de leur définition contemporaine que les oreilles pointues, mais se dotent en retour d'ailes à énergie nucléaire. Un chapitre plus loin, nous découvrons le système de propulsion géothermique, mettant donc à profit les poussées de magma, très pratique pour remonter à la surface.

Cette plaisante créativité est couplée d'un mascaret de personnages charismatiques, attachants, dont le plus emblématique demeure Artémis lui-même. Jeune garçon âgé d'à peine douze ans, il jouit d'une intelligence hors du commun, qu'il met à profit pour fomenter des plans crapuleux. En apparence froid et cynique, son caractère est toutefois très étoffé, mais je n'entre pas dans les détails par crainte de vous spoiler. D'un aplomb notable, Artémis s'arrange toujours pour piéger ses ennemis et avoir deux coups d'avance ; à vrai dire, même quand il semble en difficulté, il n'en laisse rien paraître, prêt à tout sacrifier pour remporter la partie. Côté adversaire, ou allié, selon le référentiel, Holly Short, jeune fée exerçant au sein de la brigade des FARfadets, dévoile tout son panache et son dynamisme pour renverser les pions d'Artémis. Aidée par ses confrères, dont je retiendrai Foaly le centaure et le célèbre Root, toujours prompt à s'énerver, Holly donnera du fil à retordre au machiavélique adolescent !

Le scénario, quant à lui, est plaisant sans vraiment chercher dans la profondeur tandis que le style direct de Eoin Colfer, pas des plus aboutis non plus, s'étoffera avec un sens du rythme et du suspense maîtrisé.

Une agréable aventure dont les suites s'annoncent tout aussi divertissantes !

Enjoy !

Note finale : 8/10

Sahagiel

 

 

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Artémis Fowl Titre : Mission Polaire

Résumé du second tome :

Ordre de mission pour :
Holly Short, capitaine des Forces Armées de Régulation du Peuple des fées. Description du suspect à appréhender pour interrogatoire au centre de police du monde souterrain.
Nom : Fowl
Prénom : Artemis
Age : 13 ans
Signes particuliers : une intelligence redoutable et redoutée
Profession : spécialiste en entreprises délictueuses et collégien (à ses heures perdues)
Recherché pour : trafic d'armes avec le gang des gobelins
Découvrez le second volume des aventures d'Artemis Fowl, ou comment le jeune génie millionnaire vole au secours de son père, au beau milieu des glaces arctiques... Une nouvelle histoire captivante, pleine de fantaisie, d'humour et de malice...

Critique personnelle du tome 2 :

Et nous voilà repartis pour la suite de ses aventures trépidantes. La fin du premier tome nous laissait sur le vif aussi Mission Polaire devait rapidement nous entraîner. Pari réussi ?
Comment ne pas être déçu par une suite ? Voilà une question à laquelle Eoin Colfer répond avec panache, en abîmant une nouvelle fois le lecteur dans son univers. Car dès les premières lignes, le charme suranné des personnages et de l'intrigue opère ; on retrouve avec joie Artémis, Butler, Holly, Foaly et Root pour une aventure plus dangereuse où l'action, mêlée à un écheveau d'amour, prend tout son sens.

Comme d'habitude, l'imagination florissante de l'auteur justifie la qualité du roman avec une kyrielle d'innovations du plus bel aloi. Du rétinoscope capable de parcourir les souvenirs au canon ADN en passant par les spécificités physiologiques des nains, le dépaysement du lecteur est total. Alors on s'enferre avec joie sur les lances de l'écrivain, découvrant l'éclatement bien vu de l'intrigue et dépassant le cadre stéréotypé des personnages.
Plus le récit avance, plus ceux-ci évoluent ; ils s'éloignent peu à peu de ce qu'ils étaient au premier tome et se découvrent de nouveaux talents, de nouveaux aspects psychologiques. Quand bien même cet approfondissement paraît long, un peu tâtonnant au début, on note très vite les principaux changements, notamment chez le héros : Artémis Fowl. Avec lui, le caractère se fait subtil, les évolutions mieux tracées en ajoutant encore de l'épaisseur à son rôle, sans en étouffer les qualités. A travers ce tome, on le découvre un peu plus, lui et ses frémissements d'adolescents ; alors qu'on le pensait insensible aux charmes de la gente féminine, les hormones pubères perturbent un chouya son jugement, ce qui laisse présager de grands moments pour la suite ! Mais attention, la plume de l'auteur veille toujours sur ses protagonistes aussi ne tombe-t-on pas dans le registre niais ou dans les discussions dégoulinant de bons sentiments ; on ne régresse pas, on avance.

A ce titre, on peut saluer l'auteur qui nous invite cette fois dans l'enfer de la glace, un déracinement total quand on rêvait encore d'Ecosse, avec ses vieux manoirs, ses plaines argentées par la pluie, son mystère immanent...
Mais que le lecteur se rassure, cette initiative se révèle d'autant plus intéressante. On suit en parallèle deux intrigues, l'une nous entraînant en Russie pour sauver le père d'Artémis, la seconde au cœur de la terre, pour sauver le Peuple des Fées. A cette occasion, Eoin Colfer navigue sur différents thèmes : de l'infiltration à la Jame Bond d'un repère ennemi, au sabotage d'arme technologiquement avancée, en passant par la défense d'une ville en flammes, on sent que l'auteur s'amuse beaucoup, et nous avec lui !

Le style d'Eoin Colfer, enfin, gagne en finesse dans ce tome, sans toutefois atteindre le niveau de ses confrères anglo-saxons. Bien sûr, le panel de ses lecteurs explique en grande partie le manque de richesse de l'œuvre, mais en dépit de son sens du rythme, du suspense, et de la vivacité du livre, on le termine avec un certain regret.

Enjoy !

Note finale : 8/10

Sahagiel

 

 

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Artémis Fowl Titre : Colonie Perdue

Résumé du cinquième tome :

Incroyable! Il existe sur cette terre un cerveau aussi brillant que celui d'Artemis Fowl. Une personne aussi géniale que le célèbre bandit… Elle se nomme Minerva, elle est française et n'a que douze ans! L'ambitieuse prend Artemis de vitesse alors que les démons-les êtres les plus redoutables parmi le Peuple des fées menacent de quitter leur colonie perdue pour débarquer chez lzs humains. Dans cette partie diabolique, il n'y aura qu'un gagnant. Et, cette fois, il n'est pas sûr que ce soit Artemis.

Critique personnelle du tome 5 :

On reprend les mêmes et on recommence, telle pourrait être la devise d'Eoin Colfer. A ce niveau de l'histoire, on n'attend plus vraiment d'innovations aux niveaux des recettes, des personnages ou de l'univers brodé par l'auteur, aussi intéressants soient-ils. A moins d'être particulièrement sadique, seuls les adeptes d'Artémis poursuivent encore la série, les autres ayant à mon humble avis passés leur chemin dès le second tome. Alors que dire sur ce nouvel opus ? Si ce n'est une impression désagréable de déjà vu, une atmosphère convenue et des protagonistes toujours façonnés sur des archétypes ? Beaucoup de choses, ne vous inquiétez pas.

En premier lieu, le cadre de l'histoire nous transporte cette fois vers un univers inconnu, peu étayé par l'auteur depuis le succès de ses romans : les dimensions parallèles. Car pour complaire son lectorat, Eoin Colfer choisit de transposer son histoire sur plusieurs plans, à savoir le monde des démons -dont le contexte spatio-temporel apparaît bien éloigné du nôtre- et le monde que l'on pourrait qualifier de normal malgré sa pincée d'étrangetés. Cette volonté de relancer l'intérêt du roman est louable, d'autant que l'auteur parvient assez facilement à placer ses protagonistes, leur conférant tour à tour des caractéristiques stéréotypés ou tout à fait innovantes. Pendant le premier quart du roman, nous étudions ainsi les façons d'agir et de penser de ces êtres méphistophéliques (pardonnez cette soudaine envie de mot à plus de quatre syllabes), une race déclinée avec ingéniosité par l'écrivain, afin de stimuler notre curiosité. Mais au-delà de ça, quel scénario Eoin Colfer escomptait nous apporter ?

De ce point de vue, on pourrait déplorer un flagrant manque d'originalité, notamment quand nos héros sont pour la énième fois confrontés à une mort imminente, où le sort de deux mondes repose entre leurs mains. A n'en pas douter, Eoin Colfer n'atteint pas la quintessence de son art. Il entrait peut-être dans ses intentions de poursuivre l'épopée sans modifier sa recette, néanmoins un grain de folie n'aurait pas été de refus, en prenant en considération les quatre derniers volumes. Malgré cela, le charme opère, moins dense qu'auparavant, moins accrocheur, mais suffisamment puissant pour nous enjoindre à terminer le livre. Le cycle dans son entier pourrait donc s'apparenter à un exutoire pour lecteur en manque de divertissements, image certes péjorative mais qui semble de plus en plus refléter le contenu des tomes. Après avoir considéré les nouveaux éléments, tels la kyrielle de nuances apportées au monde des fées, encore enrichi par moult détails, ou le clone féminin d'Artémis, Minerva, on reste sur sa faim. Aucun procédé stylistique ne point à l'horizon, la richesse du vocabulaire s'annonce anémique et l'humour constant des dialogues presque subsidiaire.

Et malgré ses handicaps majeurs, à l'instant même où on commence à s'ennuyer des coups de théâtres avortés, des situations revues, des raccourcis scénaristiques choisis par l'auteur, on est séduit. Au fond, les qualités diverses du roman tendent à masquer les maladresses de la narration. Qui n'aime pas la gouaille de Butler ? L'intelligence d'Artémis ? La franchise de Holly et le côté déconnecté de Mulch ou Foaly ? Les personnages mettent à profit leurs atouts pour nous séduire, faciliter notre immersion dans le roman en dépit d'un sens du rythme moins percutant que dans les précédents.

Pour terminer, cette histoire devient au final assez populaire et perd peu à peu de son âme. A une époque, j'étais capable de disserter longuement sur la richesse, la finesse, de ces romans, mais aujourd'hui, alors que la série s'étire aux limites du commercial, comme on pourrait le craindre, je ne ressens plus cette même liesse. Bien sûr, Colonie Perdue apportera beaucoup de plaisir au jeune public, distraira les plus âgés, et finalement ne baissera pas la qualité de votre bibliothèque, mais pour encore combien de temps ? Certes, la fin réserve quelques surprises, avec de nombreuses questions en suspend néanmoins on peut redouter, dans d'éventuelles suites, un essoufflement du cycle.

 

Note finale : 7/10

Sahagiel