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Underworld

 

Réalisé par : Len Wiseman.

Avec: Kate Beckinsale, Scott Speedman, Bill Nighy.

Genre : Fantastique, Action, Romance.

Durée : 1h 55min.

Année de production : 2002

Film américain.

Synopsis :

Sélène est une guerrière vampire puissante. Dans la lutte qui oppose depuis des siècles son peuple à celui des Lycans, des loups-garous, elle est reconnue pour être l'une des tueuses les plus efficaces. Jusqu'au jour où elle tombe amoureuse de Michael Corvin, un humain qui se retrouve pris malgré lui dans l'affrontement des deux clans. Mordu par l'un des loups-garous, il devient rapidement l'un d'entre eux. Entre passion et devoir, Selene doit alors choisir son camp...

Critique personnelle du film :

Ah, Underworld est assurément un film complexe à analyser. On ne peut réellement se faire une idée définitive sur son sort, tant les avis peuvent diverger selon les personnes. Car avant tout, ce film transmet une ambiance, une atmosphère à laquelle certaines personnes peuvent rester totalement indifférentes, ou au contraire accrocher ! Mais bon, demeurons le plus objectif possible pour étudier cette œuvre de Len Wiseman, qui réalisait là son premier film.

La scène d'ouverture nous amène dans un monde moderne, contemporain, ce qui marque une première rupture avec le cadre habituel des vampires et des lycanthropes (appelés dans le film Lycans). Ainsi, la voix off de la belle Kate Beckinsale nous expose un résumé de leur univers, un univers rongé par une guerre entre les deux races. Il s'agit en effet, pour les Vampires, d'exterminer leurs esclaves révoltés : les Lycans. Ainsi, ils les traquent, les pourchassent perpétuellement et c'est au cours de l'une de ces filatures que nous nous immisçons dans le film. Cette scène d'ouverture est d'autant plus intéressante que nous en apprenons plus sur les caractéristiques de ces races : d'une part, les Vampires développent un physique hors du commun, une physionomie particulière du fait de leurs yeux, par exemple, qui deviennent d'un bleu azur sous un afflux d'adrénaline ; d'autre part, les Lycans ont rompu leur pacte avec la lune, désormais ils peuvent se métamorphoser à volonté car la lune a perdu son influence.
L'héroïne, Sélène, entre directement en action et expose son corps à l'esthétique parfaite sous une tenue en cuir très attirante, à n'en pas douter elle joue pour beaucoup dans l'intérêt du film, du moins pour la gente masculine ! Mais passons, en quelques minutes, les enjeux sont donc exposés, et l'on entre dans une phase d'action qui nous poursuivra tout au long du film.

Car l'action, en veux-tu, en voilà. Len Wiseman la privilégie pour attirer un public le plus large possible. Le pari semble réussi puisque, rappelons le, Underworld a connu un tel succès qu'un second volume est depuis lors sorti en salle, en DVD, et qu'un troisième portant sur les préquelles, nous y reviendrons, en projet.
Malheureusement, on peut reprocher à cette approche très dynamique, violente, par certains côtés gothiques ou baroques, de supplanter la trame scénaristique. Car un scénario plus étoffé aurait été bienvenu. Certes, cela ne nuit pas au film au point de nous ennuyer, mais un spectateur vulgaire (dans le sens commun, bien entendu) peut éprouver une certaine indifférence vis-à-vis de cette efflorescence sanguine si le fond ne l'aguiche pas derrière. Ainsi, nous sommes confrontés à un plan simple sans être simplet, du style : l'héroïne combat ses ennemis, rencontre un humain à la destinée extraordinaire qui malgré lui se transforme en méchant, alors l'héroïne découvre les travers de son peuple et va aider son bel humain au péril de sa vie, jusqu'à trahir son peuple. Ah, une touche plus originale, un peu plus de doigté de la part des trois scénaristes aurait ajouté beaucoup au tenant général de l'œuvre. Toutefois, considérer la trame scénaristique pauvre serait une erreur, car ils y apportent des innovations intéressantes, qu'il serait dommages de négliger.

D'abord, partons de la définition commune des Vampires et des Lycanthropes. Collin de Plancy évoquait au sujet des Vampires des hommes morts et enterrés depuis plusieurs années, ou du moins depuis plusieurs jours, qui revenaient en corps et en âme, parlaient, marchaient, infestaient les villages, maltraitaient les hommes et les animaux, et surtout qui suçaient le sang de leurs proches, leur causaient la mort. On ne se délivrait de leurs dangereuses visites qu'en les exhumant, les empalant, leur coupant la tête, leur arrachant le cœur, ou les brûlant. Ceux qui mouraient sucés devenaient habituellement vampires à leur tour. Nous sommes bien loin des Vampires classieux, vivant en manoir bien plus luxueux que la demeure emplie de candélabres de notre cher comte Dracula, d'Underworld. Ceux-ci ont un reflet dans le miroir, utilisent sans état d'âme des pistolets automatiques, s'exercent aux stupres, à la luxure, sans toutefois perdre leur charme et leur charisme, ils dorment dans des lits et non dans des cercueils, ne tombent pas automatiquement en cendres le soleil levé. Sur le plan physique, ils n'ont pas un teint cadavérique, leurs yeux ne sont pas rouges ou brûlants ou ne possèdent pas de système pileux hyper développé, et c'est là toute l'originalité de l'œuvre. On peut faire la même contestation pour les Lycanthropes : ni mains poilues jusqu'à l'intérieur des paumes, ni atteints de folie Louvière, ou de goût très prononcé pour la chair fraîche.
La plus belle nuance remonte toutefois à l'origine même des deux races, puisque cette fois ils ont un ancêtre commun, étayée par des explications scientifiques qui incarnent d'ailleurs le principal enjeu du film.

La galerie des acteurs est plutôt intéressante, et même si les personnages reposent souvent sur des archétypes, des caractères assez communs (par exemple la belle ténébreuse qui se rebelle contre son clan pour un amour interdit) le tout n'est pas désagréable. Les caméras nous entraînent aussi dans ce monde sombre, puisque tout s'y passe de nuit ou dans des lieux fermés, ce qui d'un côté peut nuire à l'espace ou aux différents plans, sans grosses fausses notes.
En bref, un joli film, intéressant, avec des défauts, bien sûr, mais audacieux, puisqu'il prend un pari osé en proposant pour grande force une héroïne aux mœurs sanglantes et comme fond de scène une nouvelle mise en avant des Vampires et des Lycanthropes, si connus sur nos écrans larges. Toutefois, il s'agit pour moi d'un pari réussi, et même si Underworld 2 perd un peu de sa saveur, le troisième promet beaucoup avec son changement d'époque et de caractères.

Note finale : 2/5

Sahagiel