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Narnia

 

Titre original : The Chronicles of Narnia : Prince Caspian

Réalisé par : Andrew Adamson

Avec: William Moseley, Skandar Keynes, Lucy Georgie Henley, Anna Popplewell, Ben Barnes...

Genre : Fantasy, Aventure

Durée : 2h 23 minutes

Date de sortie : 2 juillet 2008

Film américain.

Synopsis :

Un an après les incroyables événements du "Monde de Narnia - Chapitre 1", les nouveaux rois et reines de Narnia sont de retour dans ce royaume magique. Mais à Narnia, plus de 1000 années se sont écoulées. L'Age d'Or du royaume est depuis longtemps révolu, et ce n'est plus maintenant qu'une légende. Les animaux parlants et les créatures mythiques ont disparu, ils ne sont plus évoqués que comme les héros d'un folklore que l'on perpétue chez les Telmarins, une race d'humains dirigée par le maléfique roi Miraz, qui règne sans pitié sur Narnia. Même si l'on se souvient encore du nom d'Aslan dans la forêt, le puissant lion n'est pas revenu depuis un millier d'années.

Les quatre enfants ont été rappelés à Narnia par le Prince Caspian, le jeune héritier du trône des Telmarins. Sa vie est en danger : son oncle Miraz cherche à l'éliminer afin que son propre fils nouveau-né puisse monter sur le trône à sa place. Avec l'aide du gentil Nain rouge, d'une courageuse souris parlante nommée Ripitchip, et du Nain noir aigri et revêche Nikabrik, les Narniens, menés par les puissants rois Peter et Caspian, s'engagent dans une formidable quête à la recherche d'Aslan, afin de sauver Narnia de la tyrannie de Miraz et de rendre sa gloire et sa magie au royaume.

 

Critique personnelle du film II :

A travers le livre, l’auteur décrivait un monde perdu dans ses ombres, où plus personne ne croyait au merveilleux, à Aslan ou à la magie. Un monde dominé par des hommes cupides et belliqueux. Quand les quatre enfants reviennent à Narnia, après un an d’absence, ils découvrent cet univers profondément changé : le temps ne s’écoule pas à la même vitesse et 3000 ans ont passé depuis leur dernière visite. Cette évolution nécessitait une certaine audace car comment retranscrire ambiance, environnement, mentalité et politique sans s’y perdre ?

A coup sûr, ce défi n’effrayait pas l’équipe de réalisation, qui se lance à corps-perdu dans l’aventure. Première embûche : montrer un univers mâture où confrontations violentes, luttes de pouvoir et querelles intestines se taillaient la part du lion (à prendre au sens propre comme au figuré !). Thème cher à l’auteur, la perte de la foi en ce dieu unique, Aslan, trouve ici sa détente.
Les psychologies se distinguent plus : ces adultes enfermés dans un corps d’enfant aspirent à une vie aventureuse qui ne les enfermerait pas dans ces tâtonnements dialectiques, ces mômeries subies en Angleterre. D’ailleurs, comme l’explique le réalisateur Andrew Adamson, "La grande force de ce film est de prolonger l'univers déjà découvert, de le révéler sous un autre angle, et d'y ajouter une puissance émotionnelle inédite. Les Pevensie voudraient pourtant retrouver le monde qu'ils ont connu dans le premier chapitre, mais Narnia a changé et ils devront l'accepter. Je pense qu'avec ce roman, C.S. Lewis voulait parler de la transition entre l'enfance et l'âge adulte et du fait qu'il faut savoir abandonner certaines choses pour grandir". Tous gagneront ainsi en intensité, joués avec brio, notamment concernant l’interprétation de Skandar Keynes pour Edmund, par les acteurs. Si Georgie Henley, alias Lucie Pevensie, continue à nous agacer, les autres étendent leurs ailes pour survoler les difficultés et ne s’accrochent à aucun écueil ou du moins les contournent avec soin !

Concernant les paysages, le mot colossal acquiert une nouvelle signification ! Ah, Miraz… Apprendre qu’il fallut 2000 m² et toute l’inspiration de la Weta et de Roger Ford, responsable des décors, pour créer le château ne surprend guère ! Sa structure géométrique autant que son réalisme ébahissent. Car les décors, en premier lieu, raviront les fans. Grâce aux paysages empruntés à la Nouvelle Zélande, La République Tchèque, la Pologne, les scènes présentent un panel varié, tantôt chimérique et feuillu, tantôt aquatique et mystérieux, jouant sur une faune plus vaste pour ferrer le lectorat.
Et ce bestiaire, en effet, présente plusieurs approfondissements : d’une part des liens se créent entre les races et ainsi les rôles ne sont plus clairement définis, un manichéisme moins présent, moins oppressant, oserai-je dire. D’autre part de nouvelles créations font leurs apparitions : centaure femelle, monstre aqueux et autre souris parlante (à n’en pas douter vous fondrez devant ses interventions), on savoure, on sourit, on succombe, enfin. Car les effets spéciaux ponctuent notre voyage à Narnia : ils s’incrustent à merveille dans le cadre et font revivre nos souvenirs d’enfance. L’imaginaire sera bien à vif après ce voyage !

Quelques mots sur ces costumes dont on retient l’inspiration et la cohérence. Quand on apprécie cette armée telmarine où chaque soldat arbore masque, blason et armure, on se sent rapetisser. Les acteurs et personnages principaux auront nécessité pas moins de 1042 éléments de costumes différents, la plupart réalisée à la main ! Mention spéciale au royal vêtement de Miraz qui m’a, même après une seconde vision, ravie. Quelle fourrure, quelle prestance !

Le scénario suit des courbes un chouya moins travaillés. Certes, nous sommes bien loin d’une intrigue manichéenne, avec son lot de contrées à sauver, de sorcières à tuer et de valeurs à préserver. Non, même les personnages commettent des erreurs, même les méchants s’octroient un caractère humain. Les aspirations autant que les motivations paraissent plus crédibles. Dans la version française, on sursaute certes en entendant les doublages (pourquoi ces sonorités rocailleuses pour le Roi Miraz, alors qu’une voix aux accents moins nordiques aurait tout aussi bien fonctionnée ?), mais on apprécie.
Un homme souhaite accaparer le pouvoir dans un monde vénal, se fraie à chemin à travers la noblesse grâce à ses manipulations, délations et malversations. S’ajoute à cette trame principale un prince déchu, qui souhaite récupérer son trône mais se heurte à un prétendant orgueilleux, impérieux et sourd à ses conseils. Les luttes de pouvoir ne s’effectuent pas dans une sphère unique, non, elles envahissent chaque camp, menaçant rompre les alliances pourtant si ténues. Si les modifications apportées à l’œuvre d’origine hérisseront les puristes, elles se coulent assez bien dans l’ensemble, car n’occasionnant aucune incohérences ni raccourcis (du moins si on ne tombe pas dans l’hypercritique !).
Les plans s’avèrent quant à eux intéressants, avec certaines facilités mis en évidences, ou une inspiration trop marquée selon les scènes (nous pensons notamment à la poursuite dans la forêt puis une traversée de rivière quelque peu jaksonienne) mais, ma foi, on adhère sans difficultés. Certes, l’adaptation ne prend pas de risques mais au moins ne succombe-t-elle pas aux finitions mal effectuées, comme nous aurions pu le craindre.

Comme dans le premier opus, qui proposait une guerre plus allégorique que réelle, avec un développement assez longuet, on regrettera l’édulcoration trop présente. La lame de Peter ou du Prince Caspian tranchent l’ennemi sans souiller leur porteur, les confrontations les plus violentes sont rapidement évacuées pour préserver, au final, une impression mitigée. Certes, que ce soit combat individuel ou vaste bataille, la violence gagne en intensité mais on sent encore l’influence de disney. Petit bémol, donc !

Au final, ce film ravira les fans comme les non initiés et prouve un changement radical dans la conception du monde : plus mâture et nuancé, il propose une vision intéressante de l’œuvre originale. Un nouveau départ qui accentue l’envie !

 

 

Note finale : 3,75/5

Sahagiel