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A La Croisée des Monde : La Boussole d'Or

 

Titre original : His Dark Materials : The Golden Compass

Réalisé par : Chris Weitz

Avec : Dakota Blue Richards, Daniel Craig, Nicole Kidman, Sam Elliott, Eva Green

Genre : Fantastique, Aventure

Durée : 1h 54 min

Année de production : 2007

D'après le roman de : His Dark Materials, de Philip Pullman

Film américain.

Synopsis :

Lyra, 12 ans, est une orpheline rebelle qui vit à Jordan College, un établissement de l'Université d'Oxford, dans un monde parallèle qui ressemble au nôtre mais qui a évolué de façon un peu différente. Elle a pour compagnon Pantalaimon, son dæmon, un être capable de prendre de nombreuses formes animales.
Le monde de Lyra est en train de changer. L'organisme gouvernemental global, le Magisterium, resserre son emprise sur le peuple. Ses sombres activités l'ont poussé à faire enlever des enfants par les mystérieux Enfourneurs. Parmi les gitans, qui ont perdu beaucoup des leurs, court une rumeur : les enfants sont emmenés dans une station expérimentale quelque part dans le Nord, et on pratique sur eux d'abominables expériences...
Lorsque Roger, le meilleur ami de Lyra, disparaît à son tour, la petite fille jure d'aller le chercher, jusqu'au bout du monde s'il le faut...

 

Critique personnelle du film :

En parlant de La boussole d'Or, impossible de passer sous silence sa source : le roman de Philip Pullman. La trilogie A la Croisée des Mondes connut un franc succès à sa sortie, voilà maintenant une poignée d'années, au point de devenir un incontournable de la littérature jeunesse. Guère étonnant, dans ces conditions, de savourer son adaptation ! Néanmoins, les fans allaient-ils se satisfaire de son traitement ou s'en endêver ?

Dans un premier temps, notons un casting pour le moins impressionnant : Nicole Kidman, Daniel Craig, Sam Elliott, sans oublier Eva Green ou la jeune Dakota Blue Richards, qui s'essayait pour la première fois au cinéma. Cet éventail de célébrités annonçait un film orchestré sur le bout des doigts, et je ne fus en rien déçu : si j'attendais de Nicole Kidman un tantinet plus de charme, le jeu de Daniel Craig fit chavirer la balance ; quand bien même ne le verrions nous que quelques minutes, il s'empare de son rôle et le porte à son plus haut niveau, y mêlant talent, charisme et prestance. A leurs côtés orbite une pléthore de personnages secondaires, dont le traitement fut soigné à tout égard : la prestation des acteurs, aussi bien expérimentés que débutants, s'avère ainsi convaincante et contribue à enrichir le film.

Car quand on cite A la Croisée des Mondes, on songe avant tout à son univers : l'aléthiomètre, les Panserbjorn, les chemins d'airs, la découverte des mondes enneigés... Autant de détails qui enivraient le lecteur se voient ici adaptés. Certes, on pourrait reprocher aux scénaristes les quelques raccourcis empruntés, ou le fait d'avoir fondu en une seule institution l'Eglise et le Magisterium, mais que diable ! Le résultat nous plonge sans difficultés dans les mythes pullmaniens, se délestant de lourdeurs ou de schéma longuet. Difficile en effet de traduire en images ce condensé de science, de mystères et d'ambiance. Il s'agissait de bien doser le film pour ne pas ensevelir les spectateurs sous des tombereaux d'explications, tout en préservant les passages clés de l'oeuvre. Pari réussi ? Ma foi, la trame scénaristique suit avec fidélité celle du roman, certes en suivant un parcours quelque peu méandreux mais en ne dénaturant pas le livre.

Si l'on souhaitait composer un commentaire hypercritique, on pourrait sanctionner le côté enfantin du film, qui suggère à peine la critique de l'institution ecclésiastique, mais ce serait oublier les nombreuses allusions, telles la vêture des personnages, la remise en cause des mythes chrétiens, l'architecture ou l'iconographie très suggestive de certains bâtiments. Oui, les acteurs ne proclament pas hautement le rôle perturbateur de l'Eglise, néanmoins les mots couverts tissent leur toile, or cela suffit à ourdir l'atmosphère.

Côté violence, on perçoit néanmoins la portée de l'adaptation : le public adolescent est clairement visé, avec des scènes épurées de toute efflorescence sanguine, malgré l'omniprésence des combats. Est-ce pour autant une mauvaise chose ? Pour ma part, je n'ai pas eu besoin d'artifices pour m'immiscer dans l'œuvre, savourant les rappels, les échanges entre les protagonistes puis les effets spéciaux de toute beauté.

Voici sans doute le point fort du film : les effets spéciaux. Nous aurons le droit à quelques envolées techniques, notamment quand il s'agit de recréer les villes ou les daemons. Toutefois, je me permets une réserve : les ours en armure souffrent d'une incrustation sujette à contestation, quand il ne s'agit pas d'une absence notable d'expressions. Selon les scènes, l'effet est si flagrant que l'on se croirait face à des cartons pâtes. Mais rassurez-vous, il s'agit là encore d'un détail, l'ensemble des effets spéciaux soulignant une maîtrise appréciable.

Néanmoins, ne nous arrêtons pas à une lecture idyllique du film, celui-ci arbore aussi nombre de défauts. En premier lieu, notons le classicisme de l'adaptation : des plans oniriques, nous menant aux marges du Grand Nord, version carte postale pour adolescents, des personnages investis d'une quête cosmique -rien de moins que sauver le monde- et pour finir des scènes d'actions déjà sublimées par ses prédécesseurs. Où se situe l'innovation ? Bien sûr, plonger dans cet univers ne constitue pas une expérience déplaisante, mais on se croirait parfois devant une série de diapositives, de scènes voulues expéditives pour ne pas chambouler les jeunes têtes blondes. Oui, je reverrais volontiers cette adaptation, mais la narration quelque peu revue du film, ses petits défauts tempèrent mon enthousiasme.

La fin s'avère quant à elle très décevante, quand elle aurait pu s'achever sur une apothéose. Le choix de supprimer au montage les dernières minutes nous semble alors contestable, à moins qu'il ne s'agisse d'une pirouette, pour terminer le ballet sur une note optimiste ?

Qui sait, en attendant, ce film conjugue qualités indéniables, réflexions consensuelles et maladresses. Un cocktail dont on s'abreuve certes avec joie, mais en attendant avec impatience la prochaine commande !

 

Note finale : 3,5/5

Sahagiel