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Je suis une Légende

 

Titre original : I am Legend

Réalisé par : Francis Lawrence

Scénaristes : Akiva Goldsman, Mark Protosevich

Avec : Will Smith, Alice Bragan, Charlie Tahan

Genre : Science-Fiction Post-Apocalyptique

Durée : 1h 40 min

Date de sortie : 14 décembre 2007 (É-U)

D'après le roman de : I Am Legend de Richard Matheson

Film américain.

Synopsis :

En l'an 2009, des scientifiques ont réussi à trouver un remède contre le cancer en modifiant génétiquement le virus de la rougeole. Trois années plus tard, 90% de la population mondiale a été exterminée par ce remède, qui s'est transformé en une épidémie attaquant à la fois les humains et les animaux. Le 10% restant de la population a été... transformé...
2012, le lieutenant colonel Robert Neville croit être le seul être humain non-infecté sur Terre. Également virologiste, il tentera de trouver un remède contre ce virus qui est presque venu à bout de la race humaine. Accompagné de son chien Sam à New York, trouvera-t-il un remède à temps?

 

Critique personnelle du film :

Peu contenir des traces de spoilers

Dès le tout début du film, nous somme plongés dans un New York totalement désert ne laissant personne indifférent. Originalement, l'action du livre se déroulait à Los Angeles, mais les réalisateurs ont trouvé intéressant de transposer l'histoire dans la grande pomme, qui est jour et nuit bondée de monde. Le résultat s'annonce surprenant. Se retrouver à Time Square sans âme qui vive, avec une végétation envahissante, est quelque peu déroutant.

Suivant l'histoire du dernier homme vivant à New York, les producteurs ont pu se permettre d'ôctroyer le rôle du lieutenant Neville à un Will Smith plus que convaincant. Celui-ci n'est certainement pas connu pour ses grands rôles dramatiques, certes, mais il ne faut pas juger un livre par sa couverture. Will Smith nous offre ici une performance se rapprochant davantage de The Pursuit of Happyness que de Men In Black. Je crois qu'il est également important de noter le rôle de son chien Sam. Étant désormais le seul « ami » de Robert Neville, ce chien peut être considéré comme un personnage à part entière. On s'y attache et redoute grandement ce qui pourrait lui arriver. Par ailleurs, on apprend assez vite que l'absence d'autres êtres humains ne signifie pas nécessairement la solitude totale.

Maintenant, je tiens à préciser que je n'ai jamais lu le livre, donc je ne connais que les très grandes lignes de l'historie originale. Par conséquent, mon appréciation du scénario pourrait être très différente de celle d'une personne l'ayant lu. L'idée de nous montrer un homme croyant être seul sur Terre n'est pas nouveau au cinéma. Ce film n'est pas sans rappeler 28 jours plus tard, qui a ramené le concept avec brio. Ceci dit, I Am Legend n'est pas entièrement caché par son ombre puisque, quand on y pense, cette histoire est bien plus âgée, ayant été écrite en 1954. Ce film de Francis Lawrence n'est pas non plus la première adaptation du roman de Richard Matheson. The Last Man on Earth (1964) et The Omega Man (1971) ont eux aussi, à leur façon, tenté de recréer l'histoire de Robert Neville, mais ceci n'est pas le point de cette critique. Par contre, il peut être intéressant de noter certaines modifications apportées à l'oeuvre original. Le lieu de l'action et l'origine du virus sont deux éléments qui diffèrent, mais le plus important se situe sûrement au niveau de la nature du virus. Dans le livre, ce dernier transforme les humains en rien de moins que des vampires. Dans le film, les humains deviennent des sortes de créatures remplies d'une rage incontrôlable, avec une peau extrêmement sensible aux rayons UV et une attirance pour le sang. Ceci est responsable du fait que, le jour, les rues sont désertes, alors que la nuit le lieutenant Neville doit se barricader chez lui pour survivre.

Donc, I Am Legend nous parvient avec un scénario très intéressant, bien que pas nécessairement très novateur. Les quelques flash-backs nous ramenant au début de la pandémie sont certes assez clichés par moment, mais parfois touchants également. Tout cela nous est livré dans une ambiance très changeante. Le jour nous est montré comme un moment d'activités se déroulant dans une certain « gaieté ». Lorsque le soleil se couche, tout change. Angoisse et peur se côtoient à la fois chez le personnage et chez les spectateurs qui craignent ce qui pourrait surgir du noir. Cependant, ce film ne tombe pas dans les clichés se voulant effrayants simplement par la mise en place d'un silence suivi d'un gros vacarme. Lorsque l'on est plongé dans l'histoire, le stress s'empare de nous chaque fois que Robert doit se promener dans un endroit sombre.

Côté négatif, on y retrouve les effets spéciaux. Les créatures peuplant maintenant la Terre sont entièrement créées par ordinateur, et cela transparait beaucoup. Avec un budget de 150 millions $US, il est étonnant que le résultat ne soit pas un peu mieux. Ce n'est certainement pas le pire qui ait été fait, mais c'est un élément qui peut, par moment, enlever au réalisme du film. Par contre, si l'on peut passer outre cet aspect, qui n'est pas aussi catastrophique que je semble en donner l'impression, le rendement de la ville déserte est lui très bien réalisé.

Qu'y a-t-il donc à retenir de I Am Legend? C'est l'illustration parfaite du fait qu'en voulant jouer à Dieu, l'homme finira par s'auto-détruire, entraînant avec lui tout son pauvre entourage. Certes le crédit de cette moral revient à l'auteur du roman et non au réalisateurs, mais ces derniers ont tout de même très bien réussi à mettre à l'écran, de façon très crédible, ce récit post-apocalyptique. Une autre leçon que certains retiendront est que nous ne pouvons apprécier réellement notre entourage que lorsqu'on s'en retrouve privé. À deux reprises le virologiste Neville doit faire face à la perte des êtres les plus chers à ses yeux, ce qui ne peut que nous toucher.

Pour conclure, I Am Legend est certes une autre adaptation américaine d'un roman à succès, mais il est fait dans les règles de l'art. Je ne dis pas que tous y trouveront une histoire marquante, mais ceux qui aiment le genre seront comblés. Une atmosphère de solitude et de crainte, des jeux d'acteur très réussis et de l'action comme on l'aime sont au rendez-vous. Un film très satisfaisant et très intéressant, malgré une fin très clichée.

Note finale : 4/5

Dark Wolf

*******

Autre critique personnelle du film :

Ayant vu le film la semaine dernière, je peux quelque peu étayer mon avis : I am legend n'est pas une oeuvre novatrice, les concepts nous apparaissent revus, avec des rappels plus ou moins volontaires à le Survivant, néanmoins le traitement du scénario, lui, intrigue. Pas une scène ne passe sans que nous soyons happés par l'ambiance, l'atmosphère sirupeuse, cette once d'horreur. Car on ne saurait le nier, l'équipe est parvenue à créer un monde complet, dôté de son paysage post-apocalyptique, de son bestiaire, de ses errances ou questions. Nous rencontrons ainsi des personnages déchirés par leurs devoirs, à une époque où la volonté surclasse les capacités du corps humain.
Un autre aspect intéressant s'incarne dans la portée scientifique du film : nous nageons dans la science-fiction, avec l'aperçu d'expérimentations humaines, dont le résultat fut un virus mortel pour 90% des cas. Comme l'explique Robert Neville, sur les 10% restant, neuf se transformèrent en zombies, et les derniers déclarèrent une immunité à la maladie. Cette idée, certes brodé par l'écrivain Richard Matheson, ouvre la porte à bien des approfondissements, or découvrir comment Robert Neville combat le virus, élabore des expériences, s'attache à trouver un antidote, renforce la personnalité du film.
Cet aspect est supporté par un rendement réaliste, notamment lors de l'évacuation de New York, avec des procédures de quarantaine tout à fait plausibles (soit dit en passant, la dite séquence vous éblouira : la multiplicité des figurants alliée à la débandade confère une portée dramatique au film, assurément), et une trame scénaristique validée par les chercheurs : la possibilité qu'un rétrovirus échappe à ses créateurs n'est en effet pas impossible, ce qui est en soi nous paraît assez effrayant !

Dés la première minute, nous découvrons ainsi un New York proprement impressionnant : l'environnement recréé en bluffera plus d'un, quand bien même de nombreux films ont réalisé cette prouesse. Là, l'absence de vie nous frappe de plein fouet ; une impression de vide, d'oubli, d'abandon... On comprend sans mal la dureté de cette existence, et à plusieurs reprises une question vient se loger dans notre esprit : comment a-t-il pu survivre ? Est-ce sa volonté seule qui le soutient ?
En réalité, la complexité du personnage ne se limite pas à ça, puisqu'une myriade de souvenirs et d'impressions le hantent aussi sûrement que les goules : plus que de l'obstination, c'est le sens du devoir qui semble le poursuivre. Quelque part, il se sent responsable de la situation et ne cesse de vouloir la résoudre, les sauver, jusqu'au bout, au péril même de sa vie. Ce protagoniste s'avère alors particulièrement attachant, tout comme son compagnon canin, inventé par les scénaristes pour renforcer sa perpétuelle souffrance. Certaines scènes se hissent ainsi au faîte de l'émotion, en particulier quand les deux partenaires s'aventurent parmi les ombres, le domaine des prédateurs, de l'horreur la plus parfaite.

On ne se heurte pas à une vision simpliste du problème : les zombies ne soulignent pas une simple dégénérescence ; étrangement, on souhaite aussi les voir quitter cette folie pour rebâtir le lacis de leurs esprits. Les scènes où nous les rencontrons nous apparaissent alors effrayantes, du fait de cette incertitude : que vont-ils devenir ? Jusqu'à quel point ont-ils perdu l'esprit, sont-ils véritablement inhumains ou substituent-ils une once de raison en eux ?
A l'image de Robert Neville, on les voit évoluer au fil du scénario : ils ne cessent de dévoiler de nouvelles facettes de leurs êtres, au point de plonger le spectateur dans une fascination proche de l'effroi : certes, vous ne sursauterez que rarement, mais quand on voit ces créatures gagner en intelligence, entrer dans le jeu de Neville puis détruire tout ce qui lui est cher, difficile de retenir un frisson.

L'adaptation est servie par une galerie d'acteurs passionnés, dont on retiendra surtout un Will Smith décidément aussi talentueux dans le registre tragique que familial. Je féliciterai à cette occasion la maturité de sa prestation : il parvient à incarner un Robert Neville torturé mais aussi éperdu, touchant, nerveux, en bref : humain. A plusieurs reprises les émotions s'imprimeront sur son visage pour nous affleurer, et au final je retiens une impression de réalisme, tant sur ses expressions faciales que sa gestuel ou son charisme. Il reprend tous les canevas dramatiques puis nous enferre dans une dynamique savamment dosée : mêlange de routine, de recherches et scènes d'une violence sèche, il passera en revu tous les arts de son métier.
A ce titre, l'hétéroclité du film se savoure, car la diversité des plans et des lieux élargit son horizon. Tandis que nous sommes transportés dans l'univers de Robert Neville, avec son emploi du temps réglé comme une horloge, l'exploration de la ville offre une perspective plus axée sur l'action. On apprécie à ce titre la constriction du scénario, qui nous enferme dans un étau au raisonnement implacable : le message du film, lui aussi, ajoute du grain à moudre à l'intrigue. A force de vouloir vaincre la vieillesse, la maladie, l'infirmité de sa nature, l'homme ne risque-t-il pas de signer sa mort ? Toutes ses évolutions n'évoquent-elles pas un contrat dont notre sang servira d'encre ? On peut alors s'interroger sur le devenir de ces constantes innovations, et si au final toutes ces fioritures sont nécessaires.

Par ailleurs, les effets spéciaux se mettent au service du film : comme dit précédemment, les décors s'avèrent très bien rendus, tandis que les zombis ou les animaux, eux, satisferont la plupart des spectateurs. Si on note un aspect guère convainquant, avec une texture qui trahit le passage de l'ordinateur, l'ensemble sera apte à nous immerger dans le film.

Je terminerai cette impression sur ces mots : Je suis une Légende constitue une agréable surprise, quand je m'attendais à un résultat bien plus mitigé. Certes, nombre d'éléments ont été modifié par rapport au roman : le point d'émergence du virus, son origine même, la nature des goules, le final, ou encore les protagonistes, mais au font n'est-ce pas là, le but d'une innovation ?

Note finale : 4/5

Sahagiel