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La Légende de Beowulf

 

Titre original : Beowulf

Réalisé par : Robert Zemeckis

Avec : Ray Winstone, Angélina Jolie, Anthony Hopkins, Crispin Glover, Robin Wright Penn

Genre : Fantastique, Aventure, Animation

Durée : 1h 53 min

Année de production : 2007

Film américain.

Synopsis :

En ces temps lointains, les sauvages contrées du Nord de l'Europe étaient peuplées de héros et de monstres, et des hommes audacieux, taillés pour la lutte et les conquêtes, pouvaient encore se forger des destins d'exception.
Le plus glorieux d'entre ces aventuriers fut le Viking Beowulf, qui surgit un beau jour pour sauver le vieux roi Hrothgar et ses sujets des assauts d'une féroce créature. Son nom devint vite légendaire à travers le royaume et, partout, l'on chanta sa bravoure face au maléfique Grendel. Beowulf ne devint pas seulement célèbre, mais riche. Et avec la richesse vinrent bientôt de dangereuses tentations et une inextinguible soif de pouvoir. Car le héros était aussi humain, trop humain, sans doute, et le guerrier plus avide, plus ambitieux et bien plus faillible qu'on ne l'imaginait...

 

Critique personnelle du film :

Que dire sur un film comme Beowulf ? Ma foi, pas grand chose, et c'est peut-être là son principal défaut.

On pourrait s'extasier devant les progrès des effets spéciaux, féliciter le charisme de Beowulf, dont on suit les pérégrinations sur plusieurs années, s'émerveiller face à l'ambiance celtique, les légendes nordiques, les chants folkloriques, louer le bagage culturel du film, on n'en retiendrait pas pour autant grand chose. Est-ce les animations qui ont jugulé mon enthousiasme ? Je ne saurai l'affirmer toutefois, à la sortie du cinéma, les membres gourds suite à une trop longue immobilité, je ne ressentais qu'une chose : de la déception.

Le principal défaut de ce film serait, selon moi, son manque de rythme ; quand bien même les premières minutes s'avèrent mouvementées, on peine à s'immiscer dans le film, à corroborer avec les choix du réalisateur. Et durant toute la projection, cette impression insipide ne m'a pas lâché. Des combats, des moments de bravoure ou d'héroïsme, le film en fait bombance, mais comme l'ensemble paraît long ! Comme le scénario s'annonce cousu du fils blancs !
Même si le jeu des acteurs, que l'on discerne sans mal derrière les effets spéciaux, du moins pour la plupart, ajoute du grain à moudre au moulin de la cohérence, le trame scénaristique ne galvanise pas l'ensemble, sombrant dans les profondeurs hadales du longuet, du prévisible, de l'obscurantisme.
Bien sûr, elle ne se limite pas à une épopée guerrière, où l'efflorescence sanguine effilerait les sentiments : on apprécie des caractères variés, divers plans larges, un bestiaire somme toute intriguant (créatures phalliques, dragons, hybride décharné) mais que diable ! Les légendes nordiques offraient tant de débouchés !

Et c'est peut-être ce manque de folie qui, au final, a marqué mon esprit. Le contexte historique mâtiné aux contes augurait un film très stylisé, où la réalisation aurait la possibilité de s'appuyer sur la sphère culturelle, or on assiste à une pâle figure de la mythologie, une sous exploitation du personnage et du mythe. En effet, rappelons nous que La Légende de Beowulf est inspiré du poème épique Beowulf, oeuvre clé de la littérature anglo-saxonne. Daté du VI siècle (environ), il évoque les faits héroïques de Beowulf face à Grendel et sa mère, puis son combat contre un terrible dragon.
Cette incapacité à donner corps au poème, sans doute, incarne le principal bémol du film, comme quoi même Neil Gaiman, l'un des scénaristes, n'a su y inspirer une soupçon épique...
La mise en scène reste quant à elle très académique, Robert Zemeckis ne s'essayant pas à quelques prouesses pour ferrer ses spectateurs : l'ensemble reste gentillet, dénué d'imperfections grâce aux performances de l'informatique mais ne laissant, au final, guère de souvenirs.

Bien entendu, il se dote aussi de qualités certaines : la fluidité de la performance capture, et notamment des paysages, est pour moi remarquable, avec toutefois une demie-teinte concernant les avatars des acteurs, trop impersonnels ; la romance qui se file entre Beowulf et sa reine s'annonce princière : un amour erratique, asséché pas de trop lourds secrets mais toujours présent, même à l'état de souvenirs. Et le destin poignant des protagonistes ne saurait indifférer : une histoire sans cesse revécue, une preuve de la faiblesse des hommes et de leurs imperfections.

Je terminerai cette brève impression sur la musique : si elle ne m'a globalement pas charmé, le thème accompagnant la harpie, par contre, a enchanté mes sens : une mélodie certes sans fioriture mais suggestive, intrigante.
Au final, un film qui ne vous phagocytera pas l'esprit, avec ses moments de bravoure mais aussi ses écueils, ses maladresses, sa surenchère constante. A noter que je le déconseillerai à un public trop jeune, du fait de sa violence et de ses propos pour le moins crus.

 

 

Note finale : 2/5

Sahagiel