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3OO

 

Titre original : 300

Réalisé par : Zack Snyder

Avec: Gerard Butler, Lena Headey, Rodrigo Santoro

Genre : Péplum, Guerre, Action

Date de sortie : 21 Mars 2007

Film américain.

Synopsis :

Adapté du roman graphique de Frank Miller, 300 est un récit épique de la Bataille des Thermopyles, qui opposa en l'an - 480 le roi Léonidas et 300 soldats spartiates à Xerxès et l'immense armée perse. Face à un invincible ennemi, les 300 déployèrent jusqu'à leur dernier souffle un courage surhumain ; leur vaillance et leur héroïque sacrifice inspirèrent toute la Grèce à se dresser contre la Perse, posant ainsi les premières pierres de la démocratie.

 

Critique personnelle du film :

300

Un si petit nombre pour transmettre autant de choses ; ce film nous propulse dans une mer déchaînée, celle des spartiates, vagues hurlantes et fracassantes qui s'écrasent contre nos écrans. Impossible de demeurer insensible face à tant d'esthétisme ; le film se munit de plans soignés, dotés de couleurs marbrées, veloutées, envoutantes car encore peu utilisées dans le septième art. Car la force majeure du film s'incarne dans l'ambiance. D'abord capiteuse lors de la description des moeurs spartiates, elle se tisse ensuite selon le fil de l'épée, nous enferrant dans un monde violent, brutal mais incontestablement prenant. Là encore, le découpage des images, dont la fidélité à l'oeuvre de Frank Miller réjouira les fans, mélange technologie et tradition : on écrase les couleurs, on décélère les scènes pour capturer les mouvements techniques, puis on fige les projections sanguines pour multiplier l'effet, avant d'enfin achever en accélérant la vitesse. Les affrontements sont magnifiques, parfois répétitifs du fait de leur portée guerrière mais toujours bluffants. Nos yeux n'ont de cesse de vriller, étudier, observer ou briller tant la fluidité conquerra tout un chacun. D'ailleurs, il s'agit d'une véritable expérience cinématographique, comme l'explique l'équipe du film "les gens vont au cinéma pour vivre une expérience originale. C'est ce que nous avons tenté de leur apporter. Qu'il s'agisse des paysages, des batailles, de l'action, de l'architecture, chaque image du film constitue un effet visuel."


Le scénario, quant à lui, reprend fidèlement la bande dessinée du célèbre réalisateur, avec un fond historique qui, malgré des modifications flagrantes, ajoute un poids à la production. Nous découvrons ainsi la guerre médique, dans la bataille des Thermopyles, en 480 avant J-C. Sur ce point, on retrouve une certaine cohérence avec la réalité historique (même si le tout est bien sûr emphatisé) : Léonidas menant ses trois cents hommes pour ralentir l'avancée du perse Xerxès, la tempête de l'Artémision, qui emporte près de quatre cents navires et tue plusieurs milliers d'hommes, les phalanges spartiates qui infligent de lourdes pertes à leurs adversaires, la trahison d'Ephialès, qui révèle aux perses le sentier d'Anopée... Certes, les évènements sont quelque peu romancés, ou modifiés pour accroître la tonalité épique du film, mais cela ravira nombre de personnes ! Alors oui, le film extrapole certains points, mais n'est-ce pas avant tout une libre adaptation ? Certes, les perses ne possédaient pas un teint boucané, certes, Léonidas ne combattait sans doute pas aux côtés de ses soldats, certes les éphores n'incarnaient pas des monstres consanguins, certes Sparte était une oligarchie et non une démocratie ; mais où serait la magie du film si chaque élément sombrait dans l'exactitude historique ? Ces modifications n'ajoutent-elles pas à l'imaginaire, à la fertilité, à la singularité de l'oeuvre ?
C'est ainsi que l'explique Zack Snyder, le réalisateur de 300: " Je ne voulais pas d'un film figé, je voulais faire pénétrer dans l'univers imaginé par Frank. 300 n'est pas un drame historique, ni un récit linéaire. Ce n'est pas davantage une reconstitution, c'est une expérience inédite." Et à Gerard Butler d'ajouter : "C'est un peu comme si quelqu'un avait assisté à cette bataille, puis l'avait revécue en rêve de A à Z. Le film se veut une représentation concrète, mais il se réclame aussi de l'imaginaire et de l'hyperréalisme, comme il convient à une histoire pleine de passion, de brutalité, d'intrigues politiques et d'émotions."


Ainsi, il est quelque peu inventif de trouver sur le net des critiques sur les orientations politiques du film. Beaucoup y voient une apologie de la politique américaine, avec dans le rôle des iraniens les perses, misogynes et esclavagistes. D'autres encore voit la une représentation nazie, où les spartiates évoqueraient la race aryenne parfaite, avec ses corps bodybuildés et ses tendances eugéniques... Ma foi, ils oubient aussi la réalité historique de cette époque : mourir au combat était un honneur tandis que les grecs vouaient une véritable fascination pour l'anatomie, qu'ils représentaient sous toutes ses formes. Rien d'étonnant, dans ces conditions, que la représentation des spartiates soit si... utopique !

Pour ce qui est des interprètes, les efforts réalisés sont satisfaisants, et on se plonge facilement dans l'ambiance du film. A la façon dont les acteurs s'investissent (huit semaines d'entraînement physique intensif !), on sent qu'ils ont éprouvé du plaisir dans cette production, comme le laisse entendre Gerard Butler, Leonidas dans 300 : "Lorsque la Warner m'a demandé de venir discuter de ce projet, il m'a suffi d'entendre "300" pour savoir que ce serait un film à part. Zack m'est immédiatement apparu comme quelqu'un qui avait capté les aspects les plus obscurs de cette histoire, et savait comment les mettre en évidence. Je pourrais consacrer un livre entier à sa personnalité, à son talent, à son intelligence, à sa passion et à sa générosité." Le comédien écossais s'est ensuite largement documenté sur Léonidas et la société spartiate : "ces hommes enduraient toute leur vie des souffrances destinées à développer un courage sans faille, une absence totale de compassion à l'égard de l'adversaire. Tout dans cette culture était destiné à forger le sens du sacrifice et un "mental d'acier" dans tous les domaines, de l'entraînement physique à l'obligation faite aux mères de livrer leurs enfants à l'État pour en faire des soldats." .

Pour étoffer le tout, les costumes ont été fabriqués avec un grand soin, et même si le rendu laissera certains spectateurs perplexes, on ne peut nier l'application des costumiers et de leur chef, Mickael Wilkinson ; ainsi, les armures s'agrémentent de crins de chevaux, de couches de cuir, de motifs africains, de pièces métalliques et autres ornementations. Tant qu'à féliciter les gens de l'ombre, mention spéciale à Tyler Bates, pour les musiques du film qui lui confèrent un vrai fond sonore.

En bref et en concis, un film intrigant, prenant, soigné et très particulier ; il est certain qu'un type de spectateurs ne sera pas touché par 300, mais pour d'autres le charme opérera, assurément. En ce qui me concerne, j'ai beaucoup aimé, mais comme d'habitude, la meilleure façon de se façonner une opinion est de regarder le film.

 

 

Note finale : 3/5

Sahagiel