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10 000 B.C

 

Réalisé par : Roland Emmerich

Avec : Nathanael Baring, Tim Barlow, Camilla Belle

Genre : aventure

Durée : 1 h 49 min.

Année de production : 2008

Distributeur : Warner Bros. (Transatlantic) Inc.

Film américain.

Synopsis :

10 000 ans avant notre ère, au coeur des montagnes... Le jeune chasseur D'Leh aime d'amour tendre la belle Evolet, une orpheline que sa tribu recueillit quelques années plus tôt. Lorsque celle-ci est enlevée par une bande de pillards, D'Leh se lance à sa rescousse à la tête d'une poignée de chasseurs de mammouths. Le groupe, franchissant pour la première fois les limites de son territoire, entame un long périple à travers des terres infestées de monstres, et découvre des civilisations dont il ne soupçonnait pas l'existence. Au fil de ces rencontres, d'autres tribus, spoliées et asservies, se joignent à D'Leh et à ses hommes, finissant par constituer une petite armée.

Au terme de leur voyage, D'Leh et les siens découvrent un empire inconnu, hérissé d'immenses pyramides dédiées à un dieu vivant, tyrannique et sanguinaire. Le jeune chasseur comprend alors que sa mission n'est pas seulement de sauver Evolet, mais la civilisation tout entière...

Critique personnelle du film :

Ils étaient blonds, ils étaient beaux, ils sentaient bon le sable chaud, telle pourrait être la devise de ce film signé Roland Emmerich.

Dans la rubrique le saviez-vous le réalisateur se lance dans le registre historico-romancé, autrement dit le choc des civilisations, les envolées lyriques, les figures archétypales, la promotion de paléo-dentistes, en bref : les bons sentiments exacerbés sans tabouts. Oubliez vos aprioris. Rangez vos manuels scolaires. Maintenant vous êtes prêts : remember, all I'm offering is the truth, nothing more (rule number one : même Matrix peut servir)

En pénétrant dans cet univers, vous vous heurterez à deux conclusions : premièrement une remise en cause existentielle, vous amenant à philosopher sur la quête du temps perdu, la victoire d'une société consumériste et la déchéance artistique du XXI ième siècle (rien de moins). Et deuxièmement, sans doute la plus importante : comment la Warner parvient-elle à propulser ses films parmi les hits ? Certes, 10 000 évoque une série B qui s'assume, nulle prétention, le respect de la sacro-sainte durée de deux heures, des plans gentillets pour satisfaire le public. Mais que diable, après tant d'échos, nous espérions un grain de folie. Les acteurs ne sont parvenus, au final, à galvaniser la fresque historique que nous attendions depuis si longtemps.

Saluons toutefois des effets spéciaux qui demeurent fluides tout au long du film, avec certes des passages en demies-teintes -comme le démontre un smilodon aussi effrayant que mon chat- mais aptes à sauver l'ensemble. Personnellement j'ai pris un certain plaisir à admirer la débâcle des mammouths, les crocs du dent de sabre ou les élans destructeurs des autruches (oui, des autruches). Mais avouons le un environnement travaillé ne peut supplanter le scénario.

Le scénario, vous l'aurez compris, incarne le point noir du film : la trame scénaristique s'avère prévisible à souhait, doté de rebondissements à faire pâlir de jalousie Christopher Paolini, et surtout linéaire. Or si ces défauts ne suffisaient pas, les incohérences dansent également la sarabande. Comme souligné auparavant, la géographie ne fait pas l'apanage du réalisateur, puisque passer d'un climat tropicale au désert saharien, après avoir fait un détour par le polaire sans transitions ne lui pose aucun cas de conscience. On pourrait bien sûr prétexter l'aspect merveilleux du film ou la volonté de se rattacher au préhistorique, quand les climats fluctuaient sans cesse. Néanmoins restons réalistes : l'ensemble ne convainc personne.

Quand bien même passerions-nous outre ces facilités, de nouvelles pierres d'achoppement se dressent. Dans un premier temps notons les erreurs chronologiques multiples, récurrentes, au point de scier le spectateur. Nous pensions savourer une aventure préhistorique mettant en scènes peuplades surannées, bestiaire ancien, décors oniriques, en bref : découvrir les mystères de notre passé, certes de façon romancée, mais en se basant sur des bases sérieuses. Ne nous y trompons pas, nous en sommes bien loin : le niveau technologique des peuples ne correspond pas à leur évolution sédentarisée ni à leurs capacités de bâtisseurs. Les différents systèmes d'organisations sociales se côtoient en un tout improbable, dont nous retiendrons la civilisation égyptienne ravie d'asservir les peuplades du nord pour bâtir Guizeh, tandis que le spectateur, lui, fronce les sourcils.

Je ne m'étendrais pas plus longtemps sur ce film, qui en réalité ne marque pas ma mémoire ni n'encourage mes doigts à poursuivre la critique. Il s'agit d'un film agréable à regarder un samedi soir, entre amis, quand les discussions se mêlent aux apéritifs en un flou artistique ; mais si vous recherchez une perle d'imagination, je ne peux que vous déconseiller 10 000, tant son manque d'ambitions coupe l'herbe sous le pied à la réussite.

 

Les plus

- Les effets spéciaux, l'environnement
- Une certaine fraîcheur

Les moins

- Aucune prise de risques
- Répiques et scénario
- Personnages au classicisme effrayant

Note finale : 2/5

Sahagiel