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Chroniques de Thomas Convenant

 

La Malédiction du RogueAuteur : Stephen R. Donaldson (voir sa biographie)

Titre : La Malédiction du Rogue

Genre : Fantasy

Résumé du tome :

Pour avoir mystérieusement contracté la lèpre, l'écrivain à succès Thomas Covenant est mis à l'écart par les habitants de sa petite ville, puis abandonné par les siens.

Alors qu'il croit mourir, il se retrouve projeté dans le Fief, un univers fantastique plongé dans le chaos. La population de cette contrée étrange le considère comme un héros détenteur d'un pouvoir incommensurable qui, à lui seul, pourrait briser la malédiction du Rogue.

Mais Thomas Covenant n'est pas davantage préparé à mener une existence de paria qu'il ne l'est à devenir le sauveur d'un monde dont il ignore tout.

Critique personnelle du tome :


Stephen R.Donaldson, principalement connu pour le cycle de L'Appel du Mordant, se lance dans une nouvelle aventure, dont les trois tomes sont parus dans son intégralité en français. C'est donc avec beaucoup de curiosité que je me suis lancé dans la lecture de ce premier tome des Chroniques de Thomas Convenant.

Autant le dire, ce livre réserve de multiples surprises, sur bien des plans. Dans un premier temps, l'univers dépeint par Stephen.R. Donaldson s'annonce fertile sur le plan imaginatif et propose une kyrielle d'approfondissements. Ce monde régi, en simplifiant, par les forces de la nature transpire d'histoire, or l'auteur ne manque pas une occasion pour nous instruire sur ses origines, ses croyances ou ses légendes. On peut alors noter l'aspect charnière du tome, car il échelonne les informations relatives à l'univers pour ferrer le lecteur. A cette occasion, certaines lourdeurs sillonnent le récit : en dépit des éléments dispensés par l'écrivain, on s'achoppe parfois aux longueurs qui émaillent les chapitres ; bien sûr, on ne perçoit pas d'ennuis, mais à trop délayer son univers l'auteur fait passer au second plan le rythme, et on a parfois l'impression de suivre une quête initiatique banale, avec des conversations servant à meubler le livre, à construire l'univers sans autre fonction. Il n'est ainsi pas rare de trouver des phrases telle parlez moi de ceci, de cela où s'ensuit une longue explication, certes intéressante mais selon les moments insipide.

La manière dont le héros pénètre dans ce monde s'avère assez peu originale, dans la suite des personnages accidentés dans le monde réel et se déplaçant dans un univers irrationnel, dont il ne connaît ni les coutumes, ni les règles et les dogmes. Toutefois, la grande innovation réside dans le personnage principal, Thomas Covenant, un anti-héros remarquable. En effet, il souffre depuis plusieurs années de la lèpre, une maladie affectant les nerfs, la chair et les parties sensitives du corps ; dans notre monde, il se voit ainsi reléguer au « statut » de victime de la discrimination. Son village l'éloigne de la vie active, pare à ses besoins comme s'il s'agissait d'un indigent, une tare à dissimuler à la population pour préserver sa prospérité. Ce manque de reconnaissance, alors qu'il était auparavant habitué au contact et à l'attention de ses congénères, rongent puis gangrènent Thomas, qui se compose alors un caractère irascible.
Autant le dire, l'auteur rompt avec les protagonistes revus en Fantasy. Car Thomas Covenant ne se façonne pas sur les archétypes et, au lieu de s'attirer la compassion du lecteur, ne cesse de démontrer sa désillusion ou son cynisme vis à vis du monde. Ainsi, il devient malaisé pour le lecteur de s'attacher à lui, malgré ses élans de bravoures dans la seconde partie du livre.

Au delà de ça, le style de l'auteur demeure une source de surprises, tant grâce aux chutes incisives, aux caractères dont il dote ses personnages ou à l'ambiance se dégageant du livre. Sa richesse ne se gargarise pas de termes recherchés, mais reste tout à fait correct, tandis que les procédés stylistiques, sans se faire légions, sont assez élaborés pour dynamiser le récit.
Le scénario, quant à lui, demeure assez linéaire : le héros se déplace d'un point A au point B, puis migre vers le point C (sans omettre une escale de temps en temps). On tranche le territoire dans sa longueur, en visitant de multiples territoires, tantôt dangereux et avenants, et en découvrant les hôtes de ce monde, tels les sylvestres s'ébaudissant dans la forêt. Le manichéisme du roman peut parfois rebuter, néanmoins le fait que Thomas oscille entre deux eaux l'atténue.

En bref, un roman agréable, fourmillant d'informations et de nouveauté mais souffrant de quelques baisses de niveau selon les chapitres. Il serait toutefois dommage de passer à côté de ce livre, aussi n'hésitez pas lors de vos prochains achats !

 

Note finale : 7/10

Sahagiel