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L'elfe au dragon

 

Les Maraudeurs d'Isuldain Titre du premier tome : Les maraudeurs d'Isuldain

Auteur : Arthur Ténor (voir sa biographie)

Genre : Fantasy

Résumé :

Son origine était un mystère, son alter ego une singularité, son caractère bien étrange pour un Sentinelle d’Oriadith… Il était l’Elfe au dragon et il voulait savoir pourquoi.

Pour la première fois de sa vie, Kendhil va rencontrer des humains. Sous la protection aérienne de son dragon d’Hélion, il accompagne le doyen des elfes Sentinelles, qui doit se rendre à la cité des maîtres du fer. Lui qui rêvait de voyage et d’aventure, il ne va pas être déçu… ni ménagé par les événements. Comment pourrait-il en être autrement, quand on tombe entre les mains des Maraudeurs d’Isuldain, puis entre les griffes des orques de l’Obscur ?

Critique personnelle du tome 1 :

Après le succès de sa série fantasy, les Voyages extraordinaires, Arthur Ténor persévère et s’intéresse aux elfes, dragons, temps médiévaux et autres rapports vénaux.

Dans un premier temps, il présente un monde hostile et bien construit, même s’il paraît moins foisonnant que ses prédécesseurs. Travaillé, il l’est cependant, avec des valeurs et sentiments propres à chaque peuple, qui nagent dans un vivier de races et traditions.
Cela dit, reste un manque d’envergure dû au monde comme au scénario, les protagonistes étant quant à eux plus complexes.
Ainsi, l’univers se révèle encore peu ; il s’avère prenant, avec une société ancrée dans un constant rapport de force et soumise à un plus fort que soi, mais les réels approfondissements se font discrets.
Par exemple, l’auteur insiste sur la prépondérance des métaux. Ceux-ci sont l’objet de querelles entre seigneurs, qui complotent volontiers pour obtenir leur exclusivité. Ainsi, les maîtres du fer ont tout à la fois un statut envié et jalousé. Car parvenir à les asservir assurerait au noble son avenir ! On ne peut nier l’intérêt de ce concept, qui met à jour la vénalité des êtres autant que la fragilité du tissu social à l’époque médiévale ; un vrai pari pour un livre jeunesse, d’autant que les réflexions sur la nature de l’homme ou le bien-fondé de ses actes ne sont pas absentes. Or ce principe se voit souvent sacrifié sur l’autel de l’action, négligeant quelques enjeux et potentiels.

Par ailleurs, le scénario reprend plusieurs archétypes : un elfe qui se sent différent de ses semblables part avec son aïeul et son dragon pour commercer ; puis un évènement perturbateur se produit, et le jeune elfe s’engage dans une quête semée d’embûches, espérant sauver ses proches et éprouver sa singularité. À partir de cette base plutôt linéaire surviennent des péripéties, évolutions, rencontres et rebondissements, jusqu’à s’opposer au pays obscur et ses suppôts. Là encore, un rien aurait amélioré la trame ; car des nuances existent bien dans le manichéisme, avec par exemple le personnage de Krom, qui adopte une position plus neutre voire sibylline. Aussi pourrait-on regretter un manque de relief côté intrigue, même si le jeune lectorat y trouvera son bonheur, grâce aux nombreuses aventures, non démunies d’intérêts et aptes à conférer au livre un rythme soutenu, au point que la lecture s'achève prestement.

Le point fort du tome serait les caractères et le style. En premier lieu, on n’aura guère le temps de s’ennuyer, entraînés comme nous le serons par la plume d’Arthur Ténor. De qualité, parsemée de pointes d’humour bienvenues (ah, les sarcasmes de Karlo !), celle-ci ne dessert en rien le roman, au contraire.

En second lieu, les protagonistes eux-mêmes hissent à son faîte le récit. Certes, on ne peut oublier des incohérences dans leurs comportements (pourquoi les maraudeurs se montrent-ils si bienveillants à l’égard du meurtrier de leurs camarades, alors qu’ils portent la droiture, le compagnonnage et l’honneur en préceptes ?) mais ils dégagent une vraie fraîcheur au fil des chapitres, et sauront étonner en bien des circonstances. L’auteur nuance ainsi certains caractères, s’aménage même quelques risques, et parvient à un résultat sympathique, quoique prévisible parfois.
De fait, les thèmes qui orbitent autour des protagonistes paraîtront moins inspirés : l’amour entre elfes et humains, la quête de soi, la recherche de l’équilibre… Le tout évite les canevas ou les reprend de façon originale (pas de territoires immenses à traverser ni de monde au bord du gouffre ici), mais on ne s’écarte pas tout à fait des poncifs.

Au final, ce court roman ne bouleverse pas le genre, mais n’en devient pas pour autant désagréable. Sans doute les aficionados de fantasy ne se l’arracheront pas, mais le jeune lectorat trouvera ici son compte, voire même plus. Et ne doutons pas que le second volume, déjà prévu pour mai 2009, saura nous surprendre !

Note finale -jeune lecteur- : 6,5/10

Sahagiel