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Le Clan des Otori

 

Le silence du Rossignol Titre : Le silence du Rossignol

Auteur : Lian Hearn (voir sa biographie)

Genre : Fantasy

Résumé du premier tome :

Dans sa forteresse d'Inuyama, l'impitoyable seigneur Iida Sadamu, du clan des Tohan, assure sa protection grâce au “parquet du rossignol” qui conduit à sa chambre. Construit avec un art consommé, ce parquet chante au moindre effleurement d'un pied humain. Aucun assassin ne peut le franchir sans qu'Iida l'entende...
Au XVIème siècle, dans un Japon médiéval mythique, le jeune Takeo grandit dans un village tranquille, au sein d'une communauté qui condamne la violence. Mais cette communauté est victime de persécutions, et les habitants du village de Takeo sont massacrés par les hommes d'Iida. Sauvé et adopté par sire Shigeru, chef du Clan des Otori, le jeune garçon se trouve plongé dans un univers d'intrigues et de luttes violentes entre les clans de ce Japon féodal.
Animé par son désir de vengeance et son devoir de loyauté, transporté par l'intensité de son amour pour la belle Kaede, Takeo devra trouver sa propre voie.
Sa quête le conduira derrière les murailles d'Inuyama, où il devra franchir le parquet du rossignol... cette nuit-là le rossignol se taira-t-il ?

Critique personnelle du premier tome:

Ce livre est incontestablement intéressant, sur bien des points. On n'omettra pas de noter, en premier lieu, le cadre original de cette nouvelle saga : le Japon féodal. Ce choix de Lian Hearn, pour le moins intriguant, aurait pu rebuter mais c'était sans compter le talent de l'auteur. Car cette épopée s'accompagne de solides connaissances sur le Japon, qui ne manqueront pas de plonger le lecteur dans cet univers particulier. Bien sûr, l'immersion n'est pas totale, il manque ce rien de poésie si admirable aux pays des nippons, mais l'effort est notable et les autres qualités du livre rehaussent encore l'intérêt de l'œuvre.

Car il ne s'agit pas d'une quête pétrie de stéréotypes, mais bien d'une aventure originale, sans prétention, pourrait-on dire, qui propose aux lecteurs d'accompagner la vision subjective de Takeo. Après avoir assisté aux pillages de son village, notre héros sera recueilli par sire Shigeru, du clan des Otori. Tout l'intérêt du livre repose dans l'évolution du personnage et ce sur tous les plans : pris de mutisme, les pouvoirs de celui-ci se développeront au fil de son éducation, avec toujours les avantages de la première personne. De même, sa personnalité se complexifie au fil des pages, grâce au discours à la première personne, on saisit ses pensées, ses réflexions, ses moments de doute et finalement comprenons la difficulté de ses choix. Dans ce roman, la nuance de gris prédomine, ainsi nous ne savons pas exactement où l'auteur veut nous mener, est-ce vers une chute heureuse, ou vers un drame ? Parfois, la mort de certains protagonistes tend à faire pencher la balance, mais aussitôt après un événement, une parole, une révélation, galvanise l'espoir. Trahison, peur, infiltration, apprentissage, rébellion, incertitude, tout ce mélange comme si ce livre était le réceptacle des émotions humaines. Assurément, la psychologie des personnages est correctement traitée.

En parallèle, un protagoniste à mon goût plus piquant entre en scène aux côtés de Takeo, pour des raisons et des enjeux à la fois différents et identiques. Kaede, jeune fille frêle au début de l'œuvre, deviendra ainsi un personnage à part entière, avec ses idées, son objectif et une incontestable détermination. Là aussi, le travail sur ses traits caractériels sont notables, on s'attache tout d'abord à son côté énamouré pour ensuite admirer son sang-froid dans les situations difficiles.

L'histoire d'amour qui naîtra entre les deux héros sera bien sûr épique, à la fois sibylline et très propre au Japon. A cette florissante palette de personnages s'ajoute un scénario riche en rebondissements, soigné, sans manichéisme trop appuyé et proposant une autre vision de la fantasy, une initiative louable embellie par le style de Lian Hearn. La narration demeure en effet fluide, s'alterne sans fausses notes entre les points de vues internes et omniscients, entre les scènes calmes et sombres, voire solennelles, pour au final souligner une écriture talentueuse.

Un livre à l'origine destiné à la jeunesse mais qui touchera tous les publics !

Note finale : 7/10

Sahagiel

 

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Le silence du Rossignol Titre : Le vol du héron

Résumé du quatrième tome :

Seize ans se sont écoulés depuis le tremblement de terre qui a offert la victoire à Takeo. Ce dernier et Kaede font régner la paix sur les Trois Pays tout en élevant leurs trois filles : la jolie Shigeko appelée à prendre leur succession, et les jumelles Miki et Maya.
Hélas, tout ce qui commence doit s'achever un jour. Et alors que l'empereur se manifeste après de longues années de silence, les ennemis de Takeo se rassemblent pour tisser leur toile et faire tomber le souverain qui n'est plus tout jeune... Notre héros, pris entre deux feux, pourra-t-il échapper à la dernière partie de la prophétie, celle qui lui promet la mort par la main de son propre fils ?

Critique personnelle du tome un :

Ce tome constitue la partie finale de l'histoire de Takeo Otori, et se pose comme une suite de la trilogie qui formait un tout. C'est très subjectif, mais je dois avouer que je suis un peu déçue, pour ne pas dire que je regrette de l'avoir lu.
Malgré certains personnages sympathiques, de la belle et talentueuse Shigeko aux plus malheureuses jumelles, considérées comme une malédiction à cette époque, d'autant que l'une d'elles est possédée par un chat, d'autres se montrent nettement moins attachants ; je pense notamment à Kaede que j'ai carrément trouvée détestable, car elle traite ses filles avec inégalité, encense les garçons, et je ne dirai rien de son comportement vers la fin...

Le style est toujours aussi agréable, mais la narration à la première personne par Takeo, c'est fini ; l'alternance de points de vue propre au cycle n'existe donc plus. Vu le nombre de personnages, c'était indispensable, mais ça n'en rend pas moins l'ouvrage plus unitaire, moins varié.

Ensuite... Comment établir un véritable domaine d'action dans un pays en paix ? La majorité du livre est constituée par des petites aventures et des complots ; ces derniers sont très bien ficelés et on sent que l'auteur maîtrise son sujet en resserrant sans cesse la toile autour de son personnage, pourtant ça reste assez ennuyeux, comme s'il manquait un élément qui faisait la saveur des livres précédents. Les retournements de situation sont pourtant assez réussis, même si on peut les trouver un peu trop brutaux.

Quant à la fin... Certes, elle est originale. Le clan des Otori méritait sans doute de s'achever ainsi, et pourtant je demeure mitigée... La trilogie nous avait permis de vibrer avec Takeo et Kaede, d'assister à leur ascendance puis à leur victoire. Elle se refermait sur cette idée de rêve et pendant longtemps, on a cru que le cycle s'achevait ainsi. Que nenni.
Takeo et Kaede nous ont transportés par la force de leur amour qui leur a permis de franchir tous les obstacles. Etait-ce pour mieux les voir s'autodétruire ? Certes, la vie continue, certes c'est réaliste, mais il reste que le constat est amer, peut-être même désespérant... Le rêve est brisé.
Entre nous, je n'ai pourtant rien contre les histoires qui finissent mal, hein. C'est juste que le Clan des Otori se posait comme un cycle à happy end, et finalement on s'en prend plein la figure avec une suite que personne n'attendait, sortie longtemps après les autres. Une grande claque en perspective...

Note finale : --/10

Sherryn